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Selon lui, la chimie était devenue une science qui étudiait la composition
          de la matière, et les interactions entre ses différentes substances, c’est-à-
          dire les comportements de la matière, dans le but d’établir des principes
          qui permettaient de déterminer aussi bien sa composition que ses possibi-
          lités de transformation. Il y omettait volontairement les anciennes arcana.

             Au début du 17  siècle, la profession de chimiste obtint dans cet esprit
                          ème
          une autonomie plus officiellement reconnue, et la chimie recouvrit un do-
          maine de compétence autonome qui la différenciait à la fois de la physique
          et de la médecine. Les progrès réalisés dans l’étude de la composition de la
          matière et des interactions entre les différentes substances furent dès lors
          croissants. Johan Rudolph Glauber (1604-1670) non seulement prépara de
          l’acide sulfurique concentré et du sulfate de sodium, mais il expliqua aussi
          que les sels étaient des substances composées de deux parties, l’une qui
          dérivait des acides et l’autre qui dérivait d’un métal ou de l’une de ses terres
          (un oxyde). En outre, il démontra que deux sels neutres pouvaient interagir
          pour produire de nouveaux sels dans une réaction qui sera beaucoup plus
          tard appelée réaction de double décomposition.
             Mais malgré ces avancées, les progrès dans la découverte des principes
          chimiques étaient moins fructueux que ceux qu’était en train de réaliser la
          physique. La raison en est que les chimistes, qui insistaient sur leur auto-
          nomie, avaient encore une formation et une proximité culturelle avec les
          médecins, et qu’ils ne parvenaient pas, de plus, à se détacher suffisamment
          des études empiriques pour se consacrer efficacement à la recherche des
          principes, ce que commençaient à mieux faire pour leur part les physiciens.

             La situation commença à changer lorsque, parmi le petit nombre de
          ceux qui réussissaient à se faire connaître en recherche théorique, en sus
          de la recherche expérimentale et appliquée, se distingua, au début du 17
                                                                     ème
          siècle, Jan Baptiste Van Helmont (1577-1644), un médecin aisé, d’origine
          belge, qui s’autodéfinissait de manière originale comme un philosophus
          per ignem, un philosophe utilisant le feu. Et, ce qui n’était pas rare, mais
          sans pour autant être fréquent à son époque, il critiquait Aristote et sa théo-
          rie des quatre éléments fondamentaux. Pour Van Helmont, le seul élément
          fondamental était l’eau, une substance de base qui pouvait se transformer
          dans toutes les autres. Son hypothèse n’était pas moins erronée que celle
          d’Aristote, mais la nouveauté était que Van Helmont cherchait à la dé-
          montrer par une méthode expérimentale. C’est ainsi qu’il réalisa une cé-
          lèbre expérience par laquelle il proposait de démontrer, contre l'évidence,
          que même un arbre était en réalité constitué uniquement d’eau.



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