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Dès lors, même si cela ralentissait le succès potentiel de la chimie théo-
          rique, l’inertie culturelle de l’époque n’empêchait plus la chimie expérimen-
          tale d’obtenir des résultats utiles. Et dans ce cadre plus favorable, ont été
          découverts de nombreux éléments : le cobalt (1735), le platine (1740), le
          zinc (1746), le nickel (1754), le bismuth (1757), le manganèse (1774), le mo-
          lybdène (1781), le tellure (1782), le tungstène (1785), et le chrome (1798).
             Karl Wilhelm Scheele (1742-1786) découvrit l’acide fluorhydrique, et une
          série d’acides organiques. Le français Rouelle, maître de Lavoisier, élargit la
          définition des sels, en montrant qu’ils pouvaient être acides ou basiques, et
          pas seulement neutres. Une nouvelle chimie analytique profita à son tour de
          ce contexte expérimental émulateur, et se développa, surtout en Allemagne
          et en Suède. Et l’analyse par voie sèche atteignit un degré d’efficacité élevé,
          sans pour autant gêner l’analyse par voie humide, c’est-à-dire en solution.
             Même la chimie pneumatique, la chimie des gaz, parvint à obtenir d'ex-
          cellents résultats. En 1727, l’Anglais Stephen Hales publia un livre, Vege-
          table Staticks, dans lequel il présentait ses expériences quantitatives sur l’air
          dégagé par différentes substances. Hales ne situait pas encore bien les dif-
          férences chimiques qui existaient entre les différentes substances gazeuses
          libérées, mais sur la base de ses résultats, Boerhaave comprit que l’air (ou
          plus généralement le gaz), au-delà de sa fonction physique, pouvait se
          combiner chimiquement aussi bien avec des substances solides qu’avec
          des substances liquides, ou gazeuses.
             En complément, vers le milieu du 18  siècle, l’Écossais Joseph Black
                                            ème
          découvrit non seulement certains principes importants pour le développe-
          ment futur de la thermodynamique, tels que la quantité de chaleur, la chaleur
          spécifique et la chaleur latente, mais il identifia aussi l’air fixe (le gaz carbo-
          nique), ce qui aidait à démontrer que l’air, qui contenait différentes subs-
          tances gazeuses, n’était pas une substance homogène. Grâce aux études de
          Black, la recherche sur les gaz se développa plus activement en Europe.
             Au point qu’en 1766, Henry Cavendish découvrit l’air inflammable, l’hy-
          drogène. Et en 1772, Daniel Rutherford isola l’air dit méphitique (l’azote),
          qui ne participait ni à la respiration ni à la combustion. Dans ces mêmes
          années, Joseph Priestley isola, à lui seul, plus de substances gazeuses que
          toutes celles déjà connues à l’époque, y compris l’air déphlogistique, c’est-à-
          dire l’oxygène, capable d’aider à brûler comme aucun autre gaz.
             La chimie, renforcée par ces nouvelles connaissances, était dès lors suffi-
          samment prête pour sa révolution conceptuelle de la fin du 18  siècle, une
                                                            ème
          riche période intermédiaire qui allait préparer la chimie moderne.


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