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Chaque facteur-gène était considéré comme une unité indépendante
des unités adjacentes, desquelles il se séparait durant les processus de
rupture et de recombinaison génétique. Cette école de généticiens im-
pulsa à la biologie, entre 1915 et 1930, une direction fortement expéri-
mentale, mettant en relief l’importance des données quantitatives per-
mettant la combinaison des acquisitions de la cytologie avec les données
dérivant des expériences de croisement.
Mais vers le début des années 1920, grâce surtout à Hermann J. Muller
(1890-1967), on constata que l’étude des combinaisons génétiques et des
mutations qui se produisaient ne suffisait plus comme principale mé-
thode d’analyse du gène. Pour comprendre les propriétés et les possibili-
tés de la transmission génétique, et pour programmer des recherches
dans ce sens, il devenait nécessaire d’étudier plus directement la muta-
tion, c’est-à-dire le changement dans le matériel génétique, et ensuite de
pouvoir reproduire cela expérimentalement.
En 1927, concluant une série d’expériences commencées en 1919, et
après avoir remarqué que, chez les drosophiles, le taux de mutation aug-
mentait proportionnellement avec la température, Muller démontra la
possibilité d’induire des mutations chez les animaux au moyen des rayons
X (qui dégageaient une plus grande énergie que la chaleur) et il indiqua
des méthodes qui permettaient un décompte des mutations produites.
Cette découverte lui valut un prix Nobel. Après avoir observé que les
mutations induites par les rayons X étaient de nature comparable aux
mutations spontanées, il incita à utiliser ces rayons dans diverses expé-
riences, ouvrant des perspectives de travail encore plus vastes. Parallèle-
ment, on assista aussi aux premiers travaux sur les risques mutagènes des
radiations sur l’Homme, et sur le danger de leur usage sans précautions.
Au début des années 1930, la génétique possédait ainsi la base néces-
saire et suffisante, systématisée et bien documentée, de connaissances sur
les lois de la transmission des caractères héréditaires. Il devenait d'autant
plus facile d’étudier la structure des gènes, et le mécanisme par lequel les
facteurs héréditaires s’exprimaient dans les caractères. Une contribution
importante à ces recherches fut alors fournie par plusieurs laboratoires
de biologie moléculaire et de génétique des micro-organismes.
Là, des bactéries, organismes vivants parmi les plus élémentaires, permettaient
d’étudier ces processus sous une forme simplifiée et facilement analysable. Et des
moyens étaient prêts pour étendre aussi ces travaux aux virus.
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