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Cette adaptation de la génétique s'opéra quand commença l’étude des
          chromosomes à l’intérieur du noyau de la cellule. Les études sur la division
          cellulaire, et en particulier la découverte des mécanismes de la mitose, jetaient
          une lumière nouvelle sur le rapport entre les chromosomes et lois mendé-
          liennes, mais on ne savait pas encore assez de la fonction des chromosomes.

             Un certain nombre de recherches menées au passage du 19  au 20
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          siècles, comme  celles de l’embryologiste  Theodor  Boveri,  et de Walter
          Sutton, à la Columbia University, laissaient penser que les chromosomes
          étaient des structures cellulaires chargées de la transmission héréditaire,
          mais tous les chercheurs ne souscrivaient pas encore à cette interprétation.
             À partir de 1910, les recherches sur les liens entre les expériences de
          croisement et leurs effets sur les organismes furent dominée par des cher-
          cheurs américains, qui suivaient la tradition de recherche en biologie cellu-
          laire inaugurée par E.B. Wilson (1856-1939) et par Thomas H. Morgan
          (1866-1945), lequel avait pourtant été l’un des premiers critiques de Mendel.

             Les études de Morgan influencèrent une partie de la génétique dans les
          premières décennies du 20  siècle. Sa première découverte, qui remontait
                                ème
          aux années 1910, montrait qu’un caractère particulier, la couleur blanche
          des yeux de Drosophilia melanogaster (le moucheron du fruit) était tou-
          jours légué aux seuls mâles, et qu’il était donc lié au chromosome impliqué
          dans la détermination du sexe. Cette découverte initiale fut suivie par de
          nombreuses confirmations expérimentales, et par une mise au point de
          cartes chromosomiques, c’est-à-dire de représentations graphiques de la
          localisation, sur tel ou tel chromosome, des gènes qui régissaient des ca-
          ractères déterminés. Les succès de Morgan ont été favorisés aussi par le
          choix d’un organisme de démonstration ad-hoc, la drosophile, qui se re-
          produisait avec une grande rapidité, et permettait de recueillir dans un laps
          de temps très court, à chaque génération, de nouvelles données à analyser.
             Entre-temps, s’étaient réunis autour de Morgan, qui travaillait dans le
          laboratoire dirigé par Wilson à la Columbia University, d’autres brillants
          chercheurs, tels A. H. Sturtevant, Hermann J. Muller, et C. B. Bridges,
          qui en quelques années formèrent un groupe de recherche enthousiaste
          et productif, auquel on doit la définition des principes fondamentaux de
          la théorie chromosomique de l’hérédité. En 1915, Morgan et ses collabo-
          rateurs avaient publié un texte dans lequel ils exposaient clairement l’hy-
          pothèse  selon  laquelle  les  facteurs  mendéliens,  c’est-à-dire  les  gènes,
          étaient des unités physiques situées dans des positions définies (les loci)
          sur les chromosomes.



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