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Les premières expériences furent faites avec des éléments simples (des
               molécules d’ARN synthétisées par la répétition d’un seul nucléotide), et on
               découvrit que ce message monotone menait bien à la synthèse d’une sé-
               quence d’un acide aminé unique. L’approfondissement de la façon de lire le
               code génétique occupa la biologie moléculaire pendant toutes les années
               1960. En 1961, Sydney Brenner et François Jacob ouvrirent la voie en dé-
               montrant que l’information génétique était transmise à une molécule d’ARN
               qui s’associait aux ribosomes pour diriger la synthèse protéique. Cet ARN
               intermédiaire fut appelé ARN messager (ARNm) en raison de son rôle de
               porteur  de  l’information  génétique  du  noyau,  qui  était  mémorisée  dans
               l’ADN, puis portée vers le cytoplasme, où se réalisait la synthèse protéique.
                 Mais ce n’est qu’au milieu des années 1970 que l’on découvrit la cor-
               respondance entre les acides aminés et les mots codés. On constata que
               le message était exécuté lorsque les bases de l’ARN messager étaient lues
               trois à trois, et qu’à chaque triplet correspondait un acide aminé, c’est-à-
               dire l’une des unités élémentaires qui constituent les protéines. De cette
               façon, au fur et à mesure que le message était lu, une protéine se cons-
               truisait, avec un acide aminé puis l’autre, jusqu’à ce qu’une séquence de
               stop interrompe la lecture. À ce moment-là, la protéine était complète.
               Le premier déchiffrement intégral du code génétique permettait de pré-
               voir  quel  acide aminé  correspondrait  à  chaque  séquence  possible  des
               bases d’un triplet. Les biologistes moléculaires disposaient alors des con-
               naissances fondamentales qui devaient permettre les développements de
               cette discipline au cours des décennies suivantes, avec la possibilité d’in-
               tervenir directement sur le matériel héréditaire.
                 De là, le génie génétique est devenu l’ensemble des technologies uti-
               lisées pour agir directement sur les gènes, de façon à pouvoir les étudier
               et les manipuler, soit in-vivo en les transférant d’une cellule à l’autre, soit
               in-vitro, grâce à des techniques de recombinaison de l’ADN, qui permet-
               tent d’obtenir des gènes en éprouvette. Dans des conditions particulières,
               par exemple dans l’œuf fécondé, la fusion des noyaux de deux cellules
               d’espèces  différentes  pouvait  mener  à  la  réalisation  de chimères,  em-
               bryons contenant un mélange des caractères héréditaires des deux es-
               pèces de départ. Une variante de cette technique consistait à insérer le
               noyau isolé d’une cellule dans un œuf auquel on avait soustrait le noyau.

                 Cette expérience, réalisée pour la première fois par J. B. Gudron en
               1968, a été à l’origine de plusieurs autres recherches, et aussi de nom-
               breux débats. Il fallait en effet se prononcer sur les conséquences de la
               possibilité de cloner des êtres vivants, y compris pour faire des chimères.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      225
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