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En 1945, le physicien Erwin Schrödinger (1887-1961) avait suggéré
pour sa part que la molécule du gène pouvait être un cristal apériodique.
Seul un cristal de ce genre pouvait maintenir une forme rigide et servir
de modèle à d’autres cristaux et, en même temps, avoir une structure non
régulière, nécessaire pour servir de soutien à la variabilité du matériel hé-
réditaire. De cette façon, Schrödinger contribuait en termes physiques à
l’explication d’un processus fondamental de la biologie.
Plusieurs autres physiciens, à cette époque, commencèrent eux aussi à
s’intéresser aux processus biologiques, en appliquant aux sciences de la vie
leur méthode d’étude des objets complexes, amenant à les schématiser en
utilisant autant que nécessaire une représentation complémentaire en 3D.
De cette façon, la physique mathématique a pu apporter une contribution
notable au développement de la biologie moléculaire, et de la génétique.
En ce qui concerne l'ADN, le problème central que l’on devait ré-
soudre pour comprendre son action consistait à faire cohabiter dans une
structure unique deux qualités apparemment opposées : la permanence
et la variabilité. Dans les années 1940, plusieurs hypothèses avaient été
émises sur la façon dont les chaînes polypeptidiques des protéines étaient
disposées dans l’espace. Et l’une des techniques de vérification utilisables
était la cristallographie à rayons X, une méthode qui permettait d’enre-
gistrer sur une plaque photographique l’image produite par un faisceau
de rayons X envoyé sur un cristal, et diffracté par celui-ci, ce qui permet-
tait d’en reconstruire la structure par une sorte d’ombre chinoise.
Cette technique avait amené John C. Kendrew et Max F. Perutz, du
laboratoire Cavendish de Cambridge à préciser la structure de deux pro-
téines semblables, l’hémoglobine et la myoglobine. Leurs travaux se ré-
vélèrent particulièrement intéressants, puisqu’ils démontrèrent que la
connaissance de la structure à trois dimensions de ces protéines pouvait
expliquer leur fonction. Et cela encouragea ceux qui essayaient de ré-
soudre des problèmes analogues concernant les acides nucléiques
Parmi ceux-ci, travaillait à Londres un groupe composé de Maurice H.
Wilkins et de Rosalind Franklin. Un autre groupe était actif aux USA, où
Linus C. Pauling (1901-1994) parvint à proposer en 1951 un modèle
d’ADN dans lequel trois spirales polynucléotidiques étaient enroulées l’une
sur l’autre. L’année suivante Rosalind Franklin en déduisit à son tour que
la molécule devait ressembler à un escalier en colimaçon, et autrement dit,
à une spirale ayant des groupes phosphoriques situés à l’extérieur, de façon
à pouvoir lier entre elles les différentes unités (nucléotides).
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