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Les recherches de Beadle et de Tatum sur le champignon Neurospora
          en 1941 avaient été présentées sous un intitulé significatif quant au lien entre
          génétique et biochimie : "contrôle génétique des réactions biochimiques
          chez Neurospora". Ces chercheurs avaient démontré que chaque réaction
          biochimique était sous le contrôle d’un gène particulier, et que ce contrôle
          s’exerçait sur la protéine enzymatique qui catalysait la réaction. Ce qui con-
          firmait la relation entre gènes et enzymes, proposée comme hypothèse
          par W. Bateson (1861-1926) et par A. E. Garrod au début du 20 ème  siècle.
             La biologie moléculaire débuta donc en 1951 quand le biochimiste
          américain James D. Watson, qui avait déjà travaillé avec Salvador Luria,
          s’installa à Cambridge pour mener avec son collègue anglais Francis H.
          C. Crick, des recherches sur la structure de l’ADN, acide nucléique es-
          sentiel. Les acides nucléiques avaient été découverts en 1869 par le bio-
          chimiste suisse Friedrich Miescher (1844-1895), et désignés ainsi parce
          qu’ils avaient été trouvés dans le noyau (nucleus) des cellules.
             On avait remarqué qu’ils se trouvaient aussi ailleurs, mais pendant des
          décennies, on s’était limité à en étudier la structure sans essayer d’en expli-
          quer précisément la fonction, et sans lien avec la transmission des carac-
          tères héréditaires, car on imaginait que leur simplicité ne les prédisposait
          pas  à une fonction déterminante. Ce fut un bactériologiste, Oswald  T.
          Avery (1877-1955), et non pas un biochimiste, qui mena en 1944 les expé-
          riences  qui  ont  changé  cette  approche.  Ses  recherches  visaient  à  com-
          prendre la raison pour laquelle certains pneumocoques, bactéries respon-
          sables de la pneumonie, avaient une capsule externe et d’autres non.

             Une  première  expérience  avait  montré  qu’un  extrait  de  bactéries
          pourvues  de  capsules, ajouté  à une  culture  de  pneumocoques  qui  en
          étaient dépourvus, conduisait ces derniers à synthétiser cette enveloppe.
          Une deuxième expérience avait montré que la substance responsable de
          la métamorphose était un acide nucléique. Étant donné que la capsule
          était formée d’une protéine, le sens de l’expérience indiquait que l’acide
          nucléique guidait la production de la protéine.
             La conclusion à laquelle était parvenu Avery fut confirmée plusieurs
          fois au cours des années suivantes. Toutefois, on ne savait pas encore
          comment et de quelle façon il était possible que des molécules d’acides
          nucléiques jouent un rôle aussi important. Quand l’étude de ces molé-
          cules fut plus avancée, on découvrit que les acides nucléiques étaient en
          réalité des macromolécules de grandes dimensions. Mais il fallait encore
          en préciser mieux la structure exacte.



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