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L’une des découvertes les plus fécondes pour les développements de
la biologie du 20 ème siècle a été celle du parasitisme virus-bactérie.
En effet, le bactériologiste anglais Frederick W. Twort (1877-1950)
avait identifié des corps infectieux particuliers, capables de produire une
bactériolyse, c’est-à-dire une dissolution de certaines bactéries. De là na-
quirent de vives polémiques sur la nature de ces agents infectieux, consi-
dérés par la plupart des savants comme non-vivants. Félix d’Herelle
(1873-1949), le microbiologiste auquel l’on doit, vers 1917, l’une des pre-
mières observations à ce sujet, était persuadé d’une nature particulière de
ces phages, qu’il baptisa bactériophages, et qui n’étaient pas assimilables
aux virus responsables des maladies virales des animaux et des plantes.
Leur fonctionnement paraissait même encore plus étrange par le fait
qu’il était possible d’extraire le principe actif du liquide de culture après
la lyse, mais en plus grande quantité que la quantité inoculée. Le virus se
comportait donc comme un organisme vivant, puisqu’en présence de
bactéries vivantes il était en mesure de se reproduire. D’Herelle expliqua
cet apport particulier entre le phage et la bactérie comme un exemple de
symbiose, mais d’autres savants n’acceptèrent pas son hypothèse, conti-
nuant à considérer le phage comme un agent non-vivant.
Il fallut attendre environ vingt années pour que l’on comprenne que
chacune des deux positions comportait une part de vérité, puisque le pro-
cessus de réplication du phage ne pouvait être compris qu’en tenant
compte du fait qu’il contenait de l’ADN, l’une des découvertes ulté-
rieures de la biologie moléculaire. Les bactériophages n’étaient donc que
des virus infectant des bactéries. La recherche sur ces phages a accéléré
l’étude des virus en général car, à la différence de ceux qui infectaient les
animaux, ils pouvaient être cultivés facilement in vitro, avec leurs hôtes,
les bactéries. Cela a permis de comprendre, par exemple, la façon dont
avait lieu la colonisation des cellules cibles. Le bactériophage, comme du
reste tout autre virus, après s’être accroché, perçait un trou sur la cellule,
à travers lequel une molécule d’acide nucléique était introduite et activée.
Les processus de reproduction cellulaire ont dû être révisés en consé-
quence. Jusqu’aux années 1940, on considérait en général que la reproduc-
tion des organismes unicellulaires, qui avait lieu par simple division cellu-
laire, était plus simple que celle des organismes qui se reproduisaient
sexuellement. Cette hypothèse s’accordait avec l’idée selon laquelle les or-
ganismes supérieurs avaient évolué de façon rapide et multiforme par voie
sexuée, grâce au mélange des matériels génétiques mâle et femelle.
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