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Ces interrogations avaient déjà été au centre d’âpres débats depuis le
milieu du 17 siècle. Certains pensaient qu’il s’agissait de phénomènes
ème
spontanés de génération de formes vivantes élémentaires à partir de ma-
tières en putréfaction, tandis que d’autres considéraient cela comme le ré-
sultat, favorisé par l’air, d’un développement de germes préexistants.
C’était à leurs yeux la seule façon d’expliquer la génération d’un orga-
nisme vivant. Le naturaliste Francesco Redi (1626-1698), voulant régler ces
débats, avait donc mené une série d’expériences, dont les résultats furent
publiés en 1668 puis en 1684, pour démontrer la réalité de l'ensemencement.
Il avait préparé huit ampoules remplies de viande. Il en scella quatre et
laissa les autres à l’air. Dans les ampoules ouvertes se développèrent des
larves de mouche, tandis que dans les ampoules fermées, la viande se pu-
tréfia, mais sans donner naissance à aucun insecte. Pour prouver que ce
n’était par l’absence d’air qui empêchait la génération, Redi répéta l’expé-
rience en couvrant simplement les ampoules d’un morceau de gaze qui, en
isolant la viande des mouches, empêchait la ponte des œufs. On ne trouva
pas de larves dans ce cas non plus. Redi en conclut que, même s’ils étaient
invisibles, c’étaient les œufs des mouches qui produisaient les larves.
Presque cent ans plus tard, Lazzaro Spallanzani (1729-1799) démontra
lui aussi, par des expériences analogues, l’impossibilité de la génération
spontanée d’infusoires, des animalcules microscopiques découverts par van
Leeuwenhoeck. Mais même si la polémique semblait close, certains consi-
déraient encore que si les germes ne s’auto-généraient pas dans les ampoules
expérimentales fermées hermétiquement, c’était seulement par manque
d’air, la présence de ce gaz étant indispensable à la manifestation de la vie.
Louis Pasteur mit donc au point une série d’expériences visant à réfu-
ter définitivement l’hypothèse de la génération spontanée. Il présenta en
1860 un mémoire à l’Académie française des sciences, dans lequel il dé-
montra que, si l’on éloignait les germes suspendus dans l’air et que l’on
réchauffait les infusions pour détruire d’éventuelles spores déjà présentes,
il ne se générait jamais aucune forme de vie, puisque la vie était germe et le
germe était vie. A la même époque, le triomphe de la théorie cellulaire selon
laquelle toute cellule provenait d’une autre cellule, et la propagation de la
théorie de l’évolution, qui rendaient plus cohérent l’ensemble du phéno-
mène vivant, confirmaient l’idée qu’il était impossible de générer des êtres
vivants autrement qu’à partir d’autres êtres vivants. Mais comme souvent,
les vieilles idées ancrées étaient tenaces, et bousculer l’inertie conceptuelle
nécessitait des efforts soutenus.
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