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Les études des cultures de tissus et de cellules ont réservé quelques
               surprises. À partir des années 1950, avec les travaux de Rita Levi Mon-
               talcini et de Stanley Cohen, on a remarqué qu’on pouvait augmenter la
               croissance de cellules in vitro en ajoutant aux nutriments normaux des
               substances protéiques spéciales, appelées facteurs de croissance. Le pre-
               mier facteur de croissance isolé par Stanley Cohen et par Rita Levi Mon-
               talcini (NGF, Nerve Growth Factor) fut testé sur la cellule nerveuse, où
               il guidait la croissance des fibres nerveuses qui se développaient des cel-
               lules  vers leurs  cibles  Puis on  constata que les  facteurs  de  croissance
               avaient plusieurs autres effets dans l’organisme : non seulement ils nour-
               rissaient les cellules mais de plus, particulièrement dans le cas du NGF,
               ils jouaient un rôle dans le développement embryonnaire.

                 Dans ce cadre, l’étude biochimique de la cellule, ou cytochimie, visait
               complémentairement à mieux identifier la composition chimique des dif-
               férents organites cellulaires et d’en étudier l’activité et la fonction. La
               convergence entre la biochimie et la structure cellulaire a été soulignée
               en  1936  par  Joseph  Needham.  Biochimie  et  morphologie,  écrivait  le
               chercheur, devaient se fondre l’une dans l’autre, au lieu d’exister comme
               elles tendaient à le faire, chacune de son côté.
                 Malgré tout, à ses débuts, la cytochimie a été regardée avec méfiance
               par certains milieux biochimiques officiels, qui critiquaient le manque de
               précision de ses méthodes expérimentales, pendant que les cytologistes
               la considéraient comme une opération plutôt artificielle.
                 C’est pourquoi la cytochimie trouva dans l’embryologie un terrain op-
               portunément fertile pour démontrer sa pertinence. En effet, l’œuf, qui se
               présentait comme une grande cellule, devint un matériel permettant à la fois
               l’étude de la division cellulaire, de la structure, et du comportement des
               chromosomes. Il est intéressant de rappeler qu’à travers l’utilisation conju-
               guée d’un spectroscope et d’un microscope à haute résolution, avec des co-
               lorants et des enzymes spécifiques, il était devenu possible d’identifier dans
               la cellule des acides nucléiques, et que des études de cytochimie avaient été
               à l’origine de cette découverte, parmi les plus importantes du 20  siècle.
                                                                   ème
                 Au cours des années 1940, le développement du microscope électro-
               nique avait effectivement permis d’observer toujours mieux les substances
               chimiques cellulaires, en tant qu’agents principaux du métabolisme. On dé-
               couvrit au moyen de ces appareils d'endo-exploration améliorés le rôle de
               certaines structures moléculaires spécifiques : les mitochondries, les chlo-
               roplastes, et les microsomes (appelés finalement ribosomes).



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      209
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