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Les biologistes constatèrent ensuite que dans les êtres vivants il y avait
plusieurs niveaux imbriqués d’organisation. À la base de l’ensemble se
trouvait le niveau cellulaire simple ; puis les tissus (formés de cellules du
même type) constituaient un deuxième niveau ; les organes (constitués de
tissus différents) en constituaient un troisième, et l’organisme (formé d’or-
ganes différents) était le quatrième et dernier niveau. Mais l’étude appro-
fondie des tissus amenait à poser toujours plus de nouvelles questions.
Notamment, de quelle façon les cellules étaient-elles reliées entre elles ?
Cette question intéressait en particulier le domaine de la neurologie. Car si
le système nerveux constituait un ensemble organisé qui permettait le
transfert des signaux nerveux à tout le corps, il devait par conséquent exis-
ter des moyens de liaison entre les cellules qui composaient les nerfs.
Nous avons vu ci-avant que des recherches histologiques, grâce à des
techniques particulières de coloration, avaient permis à Camillo Golgi
(1843-1926) d’identifier, en 1873, une espèce de réseau nerveux diffusé
dans la substance grise du cerveau. Ce qui avait également amené le sa-
vant lombard à penser que les cellules nerveuses s’associaient pour for-
mer des réticulums nerveux.
En même temps, mais en utilisant des techniques d’étude développées
sur la base de celles de Golgi, Santiago Ramón y Cajal (1852-1934) avait
formulé une théorie neuronale, selon laquelle chaque cellule nerveuse (le
neurone), avec ses prolongements (les dendrites et l’axone) constituait une
unité morphologique en contact avec d’autres cellules à travers des jonc-
tions dans lesquelles les cellules nerveuses gardaient leur identité, sans se
fondre en amalgame commun. Golgi s’opposa à cette théorie, soutenant
encore l’hypothèse d'un réseau nerveux diffus. Malgré leurs divergences,
un prix Nobel a été attribué en 1906 à ces deux chercheurs. Et la recherche
a continué en ce qui concerne la constitution particulière des tissus.
L’une des avancées les plus productives dans l’histoire de la biologie
a alors résulté de la culture des tissus in vitro, technique inventée en 1907
par l’embryologiste américain Ross G. Harrison (1870-1969), qui préleva
de petits morceaux de tissu de larves d’amphibiens et les fit reproduire
en laboratoire. Puis le français Alexis Carrel (1873-1944) élabora une
technique complémentaire qui permettait de cultiver des cellules sans li-
mites de temps. Sa méthode de culture in vitro, longtemps utilisée dans
les laboratoires, a permis d’analyser plus en détail le fonctionnement des
cellules, les processus chimiques qui s’y produisaient, et d’en étudier le
rôle dans le développement embryonnaire.
208 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL