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En fait, l’histoire de cette discipline, qui étudie les plus petits êtres vivants
          (bactéries, levures, algues bleues, etc) avait commencé deux cents ans aupa-
          ravant, avec l’invention du microscope. Grâce à cet instrument, Antony Van
          Leeuwenhoeck (1632-1723), un marchand hollandais passionné de micros-
          copie, avait découvert que les minuscules corps en mouvement qu’il voyait
          sous sa lentille étaient de très petits animaux, des animalculæ, ou animalcules,
          appelés ensuite microbes. Mais il avait fallu attendre deux siècles pour que
          ces êtres vivants microscopiques suscitent l’intérêt du monde scientifique.
             Au 19 ème  siècle, ils avaient alimenté un débat qui avait divisé les savants,
          à la fois sur la fermentation, sur la génération spontanée, et sur l’origine
          des maladies infectieuses. La fermentation était un processus connu de
          transformation de substances contenant des sucres, qui permettait de pro-
          duire de l’alcool, du vinaigre et d’autres produits alimentaires. Au début
          du 19 ème  siècle, on donnait au phénomène de la fermentation deux expli-
          cations différentes, l’une chimique et l’autre biologique. Pour les parti-
          sans  de  la  première,  tels  que  le  chimiste  allemand  Justus  von  Liebig
          (1803-1873), la fermentation n’était qu’un processus chimique auquel ne
          participait aucune forme de vie. Pour les défenseurs de la seconde expli-
          cation, il s’agissait en revanche d’un phénomène biologique dont étaient
          responsables  des  organismes  vivants.  Ces  deux  théories  s’opposèrent
          longtemps, avec une prédominance de la théorie chimique, qui affirmait
          que son explication était la seule qui puisse faire progresser la science.
             La situation changea lorsque Louis Pasteur décida d’intervenir dans
          le débat. Son intérêt était à la fois scientifique et utilitaire. En 1854, il
          avait été nommé professeur de chimie, et doyen de la toute nouvelle fa-
          culté des sciences construite dans la zone industrielle de Lille, afin d’af-
          firmer un rapport plus étroit entre la recherche et l’industrie. Les pre-
          miers  résultats  obtenus  dans  le  domaine  de  la  fermentation  lactique
          avaient déjà amené Pasteur à déclarer que le ferment lactique était un
          organisme vivant, son action sur le sucre résultant de son développement
          actif. Il avait découvert que cette fermentation produisait toujours non
          seulement  du  dioxyde  de  carbone  et  de  l’alcool  éthylique,  mais  aussi
          d’autres produits tels que de la glycérine, de la cellulose, et de la matière
          grasse, et que par conséquent il ne s’agissait pas d’un processus chimique
          simple. Selon ses expériences, la fermentation était un processus plus
          complexe dû à des organismes vivants, et en particulier à des levures.
             Mais  d'autres  interrogations  divisaient  les  chercheurs  :  quelle  était
          l’origine des germes que l’on observait dans les bouillons de matière or-
          ganique laissés à l’air ? Et celle des larves qui naissaient dans la viande ?


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