Page 215 - eco-savoirs pour tous
P. 215
Cinq ans après, d'autres résultats semblables furent publiés dans le
cadre d’expériences menées sur la fièvre aphteuse, une maladie qui infec-
tait les bovins. Dans ce cas également, la maladie pouvait se transmettre
par un sérum qu’on avait pourtant fait passer à travers un filtre capable
de retenir les plus petites bactéries connues. Il existait donc dans ces li-
quides des principes qui demeuraient actifs même après un filtrage, et
qu’un bactériologiste hollandais, Martinus W. Beijerinck (1851-1931) ap-
pela virus filtrabilis (poison filtrable). Au début des années 1930, il était
clair que lesdits poisons/virus pouvaient provoquer des maladies chez
les plantes, chez les animaux, et même chez les Hommes, comme la rou-
geole, la poliomyélite, la variole, et les oreillons.
Leurs très petites dimensions n’étaient pas leur seul élément caracté-
ristique. Au cours de recherches sur l’agent responsable de la mosaïque
du tabac, en 1935, le biochimiste américain Wendell M. Stanley (1904-
1971) avait découvert de petits cristaux en forme d’aiguille, qui avaient
tous les propriétés infectieuses des virus. Ce chercheur avait en fait dé-
couvert un virus cristallin, mais l’idée qu’il put y avoir un cristal vivant
était difficile à accepter d’emblée à cette époque. De plus, ce virus ne
pouvant survivre et se reproduire qu’à l’intérieur de cellules, sa nature
demeura longtemps incertaine, jusqu’à ce que son étude recoupe celles
de la biologie moléculaire relatives aux fonctions des acides nucléiques.
À la fin des années 1940, on avait observé que les virus étaient formés
d’une ou de plusieurs protéines constituant leur capside, une sorte d’en-
veloppe qui contenait leur matériel génétique, constitué d’acides nu-
cléiques. Sachant cela, quand le biochimiste germano-américain Heinz
Fraenkel-Conrat étudia séparément les constituants des virus, il découvrit
que leur agent actif était justement dans leur acide nucléique. Les virus
partageaient donc avec d’autres êtres vivants, plantes et animaux, des ca-
ractéristiques chimiques et fonctionnelles telles que la capacité à se re-
produire, mais ils avaient la particularité de ne pas pouvoir le faire de
façon autonome, et de posséder une structure cristalline.
Ces recherches reçurent une nouvelle impulsion quand, grâce à l’in-
vention du microscope électronique, on put observer des virus de façon
directe et très détaillée, et par là mieux les étudier. On découvrit ainsi, par
exemple, que certains d’entre eux présentaient une forme allongée, en
bâtonnet, comme le virus de la mosaïque du tabac, et d’autres une forme
sphérique, comme ceux de la poliomyélite ou de la fièvre jaune, par ail-
leurs de dimensions très réduites, ayant un diamètre compris entre 0,02
et 0,4 millièmes de millimètre.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 215