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Or, en 1946, les généticiens américains Joshua Lederberg (1925-2008) et
          Edward L. Tatum (1909-1975) démontrèrent que la reproduction bacté-
          rienne était possible par voie asexuée, puisqu'ils pouvaient croiser différentes
          variétés de bactéries de façon à brasser leur matériel génétique.
             Les études suivantes sur la conjugaison bactérienne ont réussi à dé-
          montrer et à photographier une rencontre entre deux organismes unicel-
          lulaires, qui opérait une transmission de matériel génétique à travers une
          protubérance appelée pilus ou pili. Chez la levure la plus commune, qui
          est eucaryote, et qui se reproduit habituellement par simple division, il
          pouvait ainsi exister une forme de reproduction quasi-sexuée, stimulée
          chimiquement par l’émission d’une substance spécifique émise par la cel-
          lule qui lui était complémentaire.
             La  virologie  a  généré  encore  d’autres  découvertes.  On  pensait,  par
          exemple, qu’il ne pouvait pas exister de particules infectieuses plus petites
          que les virus, mais c’était faux. En 1967, au cours de recherches sur une
          maladie végétale qui provoquait une forme fuselée anormale du tubercule
          de la pomme de terre, le microbiologiste T.O. Diener avait découvert que
          l’agent responsable était une particule constituée d’un brin d’ARN privé de
          revêtement protéique. Son poids était environ 300 fois inférieur à celui du
          virus de la mosaïque du tabac, et le brin d’ARN était réduit à l’essentiel : il
          était plus petit que n’importe quel chromosome viral connu.
             Ces particules ont été appelées viroïdes et, pendant longtemps, on a
          pensé qu’elles étaient uniquement responsables de maladies végétales. Mais
          la découverte de l’agent delta, responsable d’une forme d’hépatite virale
          humaine, a montré qu’il existait de remarquables ressemblances entre cet
          agent et des viroïdes végétaux. Mieux encore, au cours des années 1980, le
          chercheur américain Stanley Prusiner avait recueilli des éléments qui fai-
          saient soupçonner l’existence de particules encore plus curieuses.

             Les recherches sur des maladies humaines, comme celle de Jacob-
          Creutzfeldt,  ou  sur  des  maladies  animales,  comme  l’encéphalopathie
          transmissible du vison, la tremblante du mouton, ou l’encéphalopathie
          spongiforme bovine (BSE), dite maladie de la vache folle, ont suggéré
          que ces maladies pouvaient être causées par des particules qui semblaient
          privées de toute forme d’acide nucléique. On a observé par exemple que
          le matériel prélevé sur des animaux infectés et traité au moyen d’enzymes
          détruisant l’ADN ou l’ARN ne perdait pas son caractère infectieux, ce
          qui avait lieu en revanche s’il était soumis à un traitement au moyen de
          protéases, des enzymes qui détruisent les protéines.



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