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Cela impliquait de continuer à provoquer la reproduction intégrale
          des caractères d’un organisme adulte dans des œufs auxquels on avait
          soustrait le noyau, sachant que le développement de tels œufs produirait
          de nouveaux individus génétiquement identiques à l’individu synthétisé.
             Un autre clonage par des techniques de fusion bio-nucléaire a permis
          la création de cellules hybrides (hybridomes) formées d’un plasmocyte tu-
          moral et d’un lymphocyte. Les cellules manipulées recevaient du lympho-
          cyte la capacité de produire un certain type d’anticorps, et elles recevaient
          du plasmocyte la capacité d'une reproduction en grande quantité. De cette
          façon, il était possible d’obtenir des quantités illimitées de n’importe quel
          anticorps. Une autre manipulation technique, caractéristique du génie gé-
          nétique, a été celle de l’ADN recombiné. Elle consistait à fragmenter des
          molécules d’ADN au moyen d’enzymes de restriction, et à relier les frag-
          ments obtenus (contenant les gènes que l’on voulait reproduire) à d’autres
          molécules d’ADN en utilisant une enzyme de collage (ligase). On obtenait
          ainsi des vecteurs d’ADN capables de transporter de l’ADN jusqu’aux cel-
          lules où l’on voulait leur réplication. De cette façon, on pouvait obtenir des
          segments reproductibles et constants d’ADN d’une espèce donnée, qui
          pouvaient être utilisés pour d’autres expériences.
             Pour couper l’ADN en certains endroits déterminés, on utilisait des en-
          zymes de restriction, dont la première fut isolée par deux microbiologistes
          américains, Hamilton O. Smith et Daniel Nathans, en 1970. La première
          molécule d’ADN recombiné obtenue par cette technique a été réalisée à la
          Stanford University en 1972. Ensuite, plusieurs succès ont été obtenus dans
          des domaines industriels et pharmacologiques. En 1982, on a ainsi com-
          mencé à produire industriellement de l’insuline, d’autres enzymes, et cer-
          taines hormones à effet thérapeutique, ce qui a permis d’en réduire sensible-
          ment le coût. Le développement du génie génétique a accéléré aussi la mise
          au point d’instruments innovants et efficaces pour l’étude du génome d'or-
          ganismes, jusqu'aux plus complexes. On a ainsi pu appliquer plus largement,
          tant aux plantes qu’aux animaux (y compris à l’Homme) des méthodes déjà
          expérimentées dans la manipulation génétique des micro-organismes.

             Ces avancées (et leurs retombées commerciales) ont suscité une nou-
          velle accélération de la recherche. Mais de façon concomitante, des inquié-
          tudes sont apparues, concernant les risques d’une manipulation incontrôlée
          du patrimoine héréditaire, d’où pourraient naître des organismes (y compris
          pathogènes) inconnus. C’est pour cette raison qu’en 1975, plusieurs spécia-
          listes réunis à Asilomar, en Californie, ont décidé de formuler des règles
          éthiques, à respecter dans les expériences sur l’ADN recombiné.


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