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Au cours des années 1960, toutefois, des éléments présentant ces carac-
          tères ont tout de même été identifiés dans des bactéries, et Barbara McClin-
          tock a obtenu, elle-aussi, un Prix Nobel. L’introduction de la notion d’élé-
          ments génétiques mobiles et d’ADN silencieux modifiait les représentations
          de la biologie moléculaire. L’ADN perdait la rigidité qu’il semblait avoir
          jusque-là, ce qui a conduit notamment à une nouvelle interprétation des
          théories concernant l’évolution génétique. En effet, les reconstructions des
          lignes évolutives fondées sur le nombre des gènes ou sur la quantité d’ADN
          ont été révisées, étant donné qu’une plus grande quantité d’ADN n’entraî-
          nait pas une augmentation linéaire proportionnelle du nombre de gènes. Ce
          qui allait en outre dans le sens des travaux précurseurs de Mendel.
             À cet égard, revenons un peu en arrière, car il est utile de rappeler le
          processus historique de découverte des lois de l’hérédité et de l’évolution
          génétique, initié par Mendel. En effet, au 19  siècle, de façon indépen-
                                                ème
          dante mais simultanée, Hugo de Vries (1848-1935), Karl Correns (1864-
          1933) et Erich Tschermak von Seysenegg (1871-1972), trois botanistes qui
          travaillaient sur le croisement de différentes variétés végétales, avaient va-
          lidé les lois de l’hérédité qu’un moine de Bohême, Gregor J. Mendel (1822-
          1884), avait découvertes et communiquées à la Société de sciences natu-
          relles de Brno, dans un travail publié dès 1865, mais qui était resté malheu-
          reusement ignoré. Ces lois simples et rigoureuses décrivaient la façon dont,
          à travers des croisements, les caractères héréditaires se distribuaient à partir
          d’un couple de parents dans les générations suivantes, ce qui déterminait
          des faits importants : la contribution égale des deux parents, la conserva-
          tion de la séparation des caractères parentaux, qui ne se mélangeaient pas
          entre eux, et l’existence de caractères dominants et récessifs.
             La prise en compte des lois de Mendel donnait une explication à la
          conservation de variétés individuelles à l’intérieur des populations, varié-
          tés qui, dans l’hypothèse où les caractères se mélangeraient, devraient
          évoluer au cours des générations successives et des croisements. Les lois
          de Mendel apportaient un nouveau cadre théorique aux connaissances
          accumulées au cours des époques précédentes. Pourtant, même  après
          leur validation, elles n'avaient pas été acceptées partout, ni sans difficul-
          tés. Jusqu’en 1910 environ, elles avaient commencé à se diffuser au sein
          de la communauté scientifique grâce, par exemple, au biologiste anglais
          William Bateson (1861-1926). Mais d’autres n’acceptaient pas la vision
          discontinue et particulaire invoquée par Mendel pour expliquer les mé-
          canismes génétiques, surtout tant qu’ils n’avaient pas assez de preuves
          concrètes de l’existence des facteurs héréditaires.


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