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Il s’agissait là d’un modèle précurseur de celui de la double hélice,
          proposé peu après en 1953 par Watson et Crick, qui s’inspirèrent proba-
          blement  des  travaux  de  Rosalind  Franklin.  En  fait,  Watson  et  Crick
          avaient compris que la stabilité de la structure, et son mécanisme de ré-
          plication, pouvaient être expliqués par la complémentarité entre les bases
          puriques (adénine et guanine) et pyrimidiques (thymine et cytosine) de
          l’ADN. Ces bases, situées l’une en face de l’autre à l’intérieur de la double
          spirale, pouvaient former entre elles des liaisons spécifiques selon une
          règle de complémentarité : adénine-thymine, et guanine-cytosine.
             De cette façon, les chaînes polynucléotidiques étaient maintenues ap-
          pairées, enroulées l’une autour de l’autre, dans une double hélice. La struc-
          ture proposée par Watson et Crick fut officiellement acceptée, et en 1962,
          leur valut un Prix Nobel. En 1954, Crick avait écrit que ce qu’il y avait
          d’excitant dans ce modèle était qu’il suggérait immédiatement de quelle fa-
          çon l’ADN pouvait produire une copie exacte de lui-même. Chaque chaîne
          pouvait être considérée comme une sorte de moule sur lequel la chaîne
          complémentaire pouvait se synthétiser. Et l’intuition s’était révélée exacte.
             Mais ce n’est qu’en 1958 que Matthew Meselson et Franklin Stahl, en
          utilisant des isotopes lourds et en séparant les chaînes par ultracentrifu-
          gation (technique dans laquelle la force centrifuge est utilisée pour sépa-
          rer des molécules selon leur dimension ou leur densité), démontrèrent
          que l’hypothèse avancée par Crick, à savoir que chaque hélice faisait of-
          fice de moule pour la production d’une nouvelle hélice, était correcte.
             La deuxième problématique qui restait à résoudre consistait à com-
          prendre de quelle façon les gènes pouvaient exercer une influence aussi
          spécifique sur les cellules. Le modèle de Watson et Crick ne suggérant
          rien dans ce sens, personne alors n’était en mesure de dire comment la
          séquence des bases pouvait expliquer la spécificité de la chaîne des poly-
          peptides dans les protéines, c’est-à-dire de quelle façon l’information pas-
          sait de l’ADN à la protéine.

             En 1954,  le  physicien George Gamow  (1904-1968) proposa l’idée
          d’un code fondé sur quatre lettres (les bases) et se présentant sous la
          forme d’un long chiffre écrit selon un système à quatre chiffres, dans
          lequel les protéines seraient des mots écrits avec un alphabet de vingt
          lettres, et la double hélice serait la matrice servant à l’écriture. Le modèle
          de Gamow n’était pas correct (il ignorait par exemple le rôle de l’ARN),
          mais l’idée de base était assez suggestive pour amener des chercheurs à
          prendre en considération l’éventualité d’un code.



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