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Ce qui a amené des généticiens, tels que l’américain Richard Lewontin ou
          le français Albert Jacquard, à formuler des critiques à l’encontre de la théorie
          synthétique de l’évolution, et à poser des questions sur un impact génétique
          expérimental, possible mais risqué, sur le vivant, notamment humain.
             En ce qui concerne la génétique appliquée à l’espèce humaine, elle a
          alors fonctionné plus prudemment. Et ceci d'autant plus qu'il existait des
          difficultés méthodologiques car, notamment pour des raisons éthiques,
          les croisements génétiques entre êtres humains ne pouvaient pas être faits
          librement  en  laboratoire.  De  plus,  beaucoup  de  caractères  humains
          s’étaient révélés complexes, déterminés par de nombreux gènes intera-
          gissant les uns avec les autres, et seuls quelques-uns de ces caractères, liés
          à des situations pathologiques particulières, avaient été étudiés.
             Une nouvelle culture in-vitro de tissus a alors permis à la génétique
          humaine d’accomplir de nouveaux progrès. La possibilité de cultiver des
          cellules hors de l’organisme, découverte en 1912 par Alexis Carrel (1873-
          1944), n’avait pas donné de résultats importants, jusqu’à ce qu’on dé-
          couvre une possibilité de faire fusionner en laboratoire des cellules de
          souches différentes (et même d’espèces différentes). Les études menées
          sur  ces  cellules  hybrides  permettaient  d’établir  des  relations  entre  les
          chromosomes et les caractères phénotypiques correspondants, et de lo-
          caliser de très nombreux gènes sur leurs chromosomes respectifs.

             Ces techniques permirent d’obtenir des résultats importants en géné-
          tique, y compris humaine, car elles apportaient des possibilités d’expéri-
          mentation sur l’Homme jusqu’alors impensables. Un instrument complé-
          mentaire, non invasif et bien pratique pour les études sur l’hérédité hu-
          maine, a alors été la création d’arbres médico-généalogiques, qui permet-
          taient d’établir si un caractère donné était héréditaire ou non. En obser-
          vant la fréquence selon laquelle un caractère apparaissait chez les diffé-
          rents membres d’une famille, cela pouvait contribuer à déterminer s’il
          s’agissait d’un caractère simple, c’est-à-dire d’un caractère contrôlé par
          une seule paire d’allèles, ou bien d’un caractère dominant ou récessif.

             Une autre technique utilisée pour étudier les bases héréditaires des ca-
          ractères dans l’espèce humaine a consisté à étudier des jumeaux monozy-
          gotes, qui se développaient à partir d’un unique œuf fécondé, et qui avaient
          un patrimoine génétique théoriquement identique. Là, des différences ob-
          servées entre deux jumeaux résultaient apparemment d'effets du milieu,
          non  héréditaires.  Et  d'autres  résultats  expérimentaux  importants  ont
          amené à la découverte des bases génétiques de maladies héréditaires graves.



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