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Ces observations ont amené certains chercheurs, au nombre desquels
la biologiste américaine Lynn Margulis, à formuler l’hypothèse que les
cellules eucaryotes se seraient formées à une époque très éloignée, par la
symbiose et la fusion de micro-organismes procaryotes.
Cette complémentarité de co-évolution symbiotique a été extrapolée
pour renforcer l’hypothèse Gaïa de Lovelock et Margulis, ce dont a profité
indirectement aussi l’éco-humanisme, promouvant son concept de déve-
loppement symbiotique auto-corrigé de la Maison humaine commune.
Et la marche du progrès a continué. La nature des cellules et des gènes
étant mieux déterminée, un projet de quelques généticiens a été d’identifier
la structure de tous les gènes d’un organisme, c’est-à-dire leur génome
complet. En 1978, un premier pas dans cette direction a été accompli, grâce
à la détermination du génome du virus SV40. À terme, l’objectif principal
était de réaliser des cartes chromosomiques du génome animal tout entier,
voire de les personnaliser pour chaque individu (y compris humain).
En 1956, date de la détermination du nombre de chromosomes de
notre espèce (il y en a 46), il était difficile de supposer qu’un peu plus de
vingt ans plus tard un programme de recherche international pour la cons-
titution intégrale de la carte du génome humain aurait été constitué, et
qu’il bénéficierait d’une grande partie des fonds destinés à la recherche
biologique. Certains ont jugé disproportionnée la masse des investisse-
ments (de plus en plus privés et spéculatifs) affectée à ce projet, et plus
largement, à la génétique, dans l’ensemble des sciences biologiques. Mais
d’autres ont regardé plus candidement cette entreprise, qui pouvait per-
mettre notamment d’éradiquer un certain nombre de maladies hérédi-
taires. Le proche avenir précisera la pertinence de ces appréciations.
En attendant, le programme génome humain s'est poursuivi, d’autant
plus que le décryptage du génome, et la connaissance avancée de ses
bases et mécanismes génétiques et physiologiques, peuvent désormais
être exploités par la puissance de calcul croissante des ordinateurs mo-
dernes, pour modéliser et pour évaluer aux moindres risques (ce qui reste
à confirmer) des clonages, des thérapies, et des formes de vie artificielles.
Mais des limites éthiques d'ordre public continuent à encadrer ces ex-
périmentations-manipulations scientifiques, en raison de l’inquiétude
grandissante de l’opinion publique internationale à ce sujet ; ce qui est
légitime. Il est évident qu'un tel encadrement, et un contrôle efficace par
la légitimité publique, restent des précautions indispensables, compte-
tenu des implications et des risques pour l’ensemble de l’espèce humaine.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 237