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En 1932, un comité pour les études de génétique humaine fut donc
               créé en Angleterre, à la tête duquel fut nommé John B.S. Haldane, et
               dont la mission était de mener des recherches à grande échelle sur l’état
               de certaines maladies, afin de découvrir lesquelles avaient une origine hé-
               réditaire. Les recherches s’appuyèrent particulièrement sur les données
               figurant dans les dossiers cliniques des hôpitaux, qui permettaient de re-
               construire avec une précision intéressante les arbres généalogiques des
               familles concernées, incluant des informations relatives à d’éventuels ma-
               riages consanguins, qui pouvaient déterminer une augmentation de la fré-
               quence des gènes récessifs dans la descendance.
                 C’est ainsi que dans les années 1950 furent identifiées une série d’ano-
               malies chromosomiques pouvant être liées à des pathologies comme la
               thalassémie, l’anémie falciforme (ainsi nommée en raison de l’aspect par-
               ticulier, en forme de faucille, que prennent les globules rouges) et le syn-
               drome de Down, ou trisomie 21. Dans plusieurs pays, on créa alors des
               dispensaires de diagnostic génétique prénatal, et on mit en place dans de
               nombreux hôpitaux des centres de consultation pour prévenir la nais-
               sance d’enfants porteurs de graves défauts génétiques.

                 D'autres résultats sensibles étaient introduits par des études de géné-
               tique statistique des populations humaines, desquelles il ressortait que les
               races n’avaient pas de signification génétique évidente. Ce qui a eu une
               incidence sur un concept discriminant, l’eugénisme, proposé au siècle pré-
               cédent par le darwinien Francis Galton (1822-1911) pour la gestion des fac-
               teurs susceptibles d’améliorer ou de dégrader les qualités raciales transmis-
               sibles, tant physiologiques que cognitives, suite notamment aux travaux du
               médecin français Benedict Morel (1809-1873) qui avait publié en 1857 une
               étude sur la dégénérescence du patrimoine cognitif résultant de défauts de
               la sélection naturelle. Le développement de la génétique depuis le début du
               20  siècle avait donné à cette démarche une nouvelle vitalité, en établissant
                 ème
               notamment que des caractères héréditaires humains pouvaient être altérés
               par des comportements socio-environnementaux contrariant la sélection
               naturelle. Des études et des expériences eugénistes se succédèrent entre
               1910 et 1940, surtout aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Allemagne.

                 De  nombreux  savants  y  prirent  part  directement  ou  indirectement,
               avant que des oppositions croissantes freinent cet élan. En effet, les pro-
               grammes eugénistes étaient de deux types. Le premier, l’eugénisme négatif,
               tendait à limiter puis à proscrire les unions entre individus susceptibles de
               donner lieu à une descendance présentant des caractères indésirables ou
               problématiques pour l’espèce.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      235
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