Page 239 - eco-savoirs pour tous
P. 239

LA VIE ARTIFICIELLE ET VIRTUELLE





                    La vie artificielle est une discipline scientifique qui s'est d'abord struc-
               turée de manière informelle, avec un peu d’ambiguïté quant à l'objet et
               aux perspectives de ses études. Les organismes artificiels créés avec des
               moyens électroniques pouvaient-ils être considérés comme vivants ? Et
               les processus simulés étaient-ils de simples analogies de processus qui
               avaient lieu dans le véritable monde vivant, avec lesquels ils avaient seu-
               lement une ressemblance apparente, ou étaient-ils de véritables répliques,
               même simplifiées et sur un autre support physique, de ces processus ?

                 En d’autres  termes,  la  vie artificielle  pouvait-elle  être  l’objet  fiable
               d’une véritable biologie théorique, et un instrument interprétatif et expé-
               rimental capable de donner une réponse aux derniers grands mystères de
               la vie ? Ou bien resterait-t-elle une simple curiosité intellectuelle, ou pis
               encore, un champ d’investigation pour apprentis-sorciers ? La discussion
               est longtemps restée ouverte, et parmi les chercheurs qui ont exploré les
               multiples possibilités de ce domaine d’études, deux interprétations ont
               été évaluées, une interprétation dite forte, et une autre dite faible.

                 Selon la première, qui considérait les organismes artificiels comme vi-
               vants à leur manière, et d’une structure logiquement comparable à celle des
               organismes vivants naturels, les processus structurels (qui exécutaient des
               séquences d’instructions) jouaient un rôle majeur.

                 Et là, si tous les processus, y compris naturels, étaient comparables à
               des processus informatisés, ils pouvaient être étudiés soit sous leur forme
               originale, soit selon des processus analogues, sur un ordinateur. L’hypo-
               thèse la plus extrême, soutenue par des chercheurs comme Edward Fred-
               kin, était que l’univers tout entier serait un gigantesque phénomène quasi-
               informatique, un immense automate cellulaire, dont les instructions se-
               raient les lois de la physique, et où les structures -même les plus complexes-
               de la nature ne seraient que des manifestations apparentes de cet automate.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      239
   234   235   236   237   238   239   240   241   242   243   244