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D’autres chercheurs encore ont mis au point des techniques permettant
          d’étendre ce processus à d’autres types de molécules, par une démarche
          nouvelle d’évolution moléculaire contrôlée, permettant d’obtenir une sé-
          lection de molécules dotées des propriétés requises par l’expérimentateur.
          Un avantage par rapport aux algorithmes génétiques virtuels était qu’on
          pouvait partir de populations initiales réelles plus nombreuses.
             À chaque génération, les molécules qui résolvaient le mieux le problème
          proposé, par exemple favoriser une réaction chimique déterminée, ou se
          lier à une toxine bactérienne, étaient sélectionnées, puis légèrement modi-
          fiées, et soumises à une nouvelle épreuve. Une telle évolution moléculaire
          guidée visait à fournir rapidement des classes nouvelles de réactifs à usage
          industriel, et de nouveaux médicaments qui pouvaient aider la médecine à
          réagir à l’évolution des bactéries et des virus pathogènes, lesquels comme
          les autres organismes vivants, mutaient et s’adaptaient en permanence.
             En effet, l’adaptation -donc la survie- de tout organisme dépend de
          sa capacité à se préserver en temps opportun et de manière efficace des
          impacts de son environnement. Une bonne façon d’y réagir opportuné-
          ment est généralement dictée par une série d’instructions codifiées en
          réserve dans le patrimoine génétique de l’espèce. Mais comment un code
          génétique faisait-il pour prévoir tout ce qui pouvait arriver à l’organisme
          au cours de sa vie ? L’hypothèse qu’ont avancée les chercheurs spécialisés
          en vie artificielle était que le comportement adaptatif complexe d’un or-
          ganisme vivant pouvait lui-aussi émerger de l’action combinée d’un cer-
          tain nombre de règles simples, qu'il fallait donc chercher.
             L’une des premières études dans ce sens, à la frontière entre la biologie
          et la conception assistée par ordinateur, a été menée par Craig Reynolds.
          Fasciné par la possibilité de recréer à l’écran des mouvements animaux,
          en l'occurrence ceux d’un vol de merles, Reynolds a imaginé pour eux
          l’existence de trois règles simples de comportement : rester unis, ne pas
          se rapprocher trop l’un de l’autre, et se déplacer tous à la même vitesse.
          Les mouvements du vol des oiseaux artificiels, qu’il avait programmés sur
          la base de ces règles, avaient une ressemblance impressionnante avec les
          mouvements d'un véritable vol. Certains autres chercheurs ont continué
          sur cette voie expérimentale, attirés par la possibilité de faire des expé-
          riences et des vérifications impossibles dans des conditions naturelles.

             Une expérimentation particulièrement complète et intéressante, dans
          un domaine proche, a été menée par un chercheur de l’Université de Ca-
          lifornie à Los Angeles, Robert Collins, qui pour sa part étudiait le com-
          portement des insectes, et en l’occurrence celui des fourmis.


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