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Finalement, à travers ces expériences, on a pu confirmer que la vie artifi-
cielle pouvait être une reproduction acceptable de l’organisation de systèmes
animés complexes, avec des comportements semblables à ceux de certains
systèmes vivants naturels. Ce qui constituait un bon outil d’exploration de la
vie dans ses multiples manifestations, sans se limiter aux seules formes qui
avaient évolué sur Terre, en associant des combinaisons biologiques et chi-
miques, des simulations sur ordinateur, et des spéculations théoriques. Son
but était de proposer une modélisation logique de systèmes vivants, comme
il avait été dit en introduction de la première Artificial Life Conference, tenue
au centre de recherche de Los Alamos (USA), en septembre 1987.
Ainsi s’était auto-constitué un système de théories et de modèles scienti-
fiques qui stimulait et qui alimentait de nouvelles directions de recherche
dans des domaines aussi différents que la génétique, la biologie évolution-
niste, l’embryologie, l’éthologie, la chimie, l’ingénierie logicielle, et l’intelli-
gence artificielle. Modernité obligeant, et comme d’autres domaines scienti-
fiques, cette vie artificielle a évidemment profité des nouvelles possibilités
techniques de simulation et d’expérimentation offertes par l’ordinateur de-
puis 1980, avec l’idée directrice que pour comprendre ce qu’est la vie, il n’y
avait pas de meilleure façon que d’essayer de la simuler, et de la recréer de
manière observable. Après que la biologie moléculaire ait révélé l’unité et
l’origine commune des organismes vivants connus, et malgré l’extraordinaire
variété de formes sous lesquelles la vie naturelle pouvait se présenter, la vie
artificielle exposait en complément dans quelles conditions ses propre mo-
dèles pouvaient se développer aussi, et de quelle façon on pouvait en extra-
poler des formes utiles au développement animal (y compris humain).
En fait, il y avait deux prémisses principales d’élaboration des différents
modèles de vie artificielle. La première était que la complexité extraordinaire
des phénomènes biologiques résultait de règles simples, codifiées comme
dans l’ADN, et modélisables aussi par traitement informatique. Là, on con-
sidérait implicitement que la complexité était une propriété émergente qui
dérivait d'une capacité d’auto-organisation, et pour autant qu’il n’y ait pas
de but initial dans l’évolution biologique, il n’y avait pas non plus d'intel-
ligence dirigeante dans ce processus. Ce qui n’empêchait pas d’identifier
des règles communes d'organisation et de les appliquer dans des expé-
riences mobilisant des comportements d’organismes vivants, même arti-
ficiels. Ceci compensait le fait que malgré les nombreuses connaissances
accumulées par les sciences biologiques, aucune définition satisfaisante
parvenant à inclure tout ce qu'on était traditionnellement habitué à con-
sidérer comme vivant, n’avait été proposée jusqu’alors.
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