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Ils utilisaient cette information pour se construire, chercher des res-
sources, et maintenir -voire améliorer- leur propre structure. C’est surtout
cette faculté qui était partagée par les objets artificiels et les objets vivants, et
pas le fait d’être constitués ou non de protéines, de lipides, d’acides nu-
cléiques, …ou d'un assemblage cybernétique. Les organismes vivants avaient
par ailleurs une caractéristique importante : celle d’être des îlots d’ordre crois-
sant dans un univers où le désordre (entropique) augmentait constamment.
Et là, une même tendance s’observait avec des organismes artificiels créés et
développés avec des ordinateurs où, si l’information était élaborée trop len-
tement, le modèle était arrêté, ou bien tournait en boucle, et où au contraire
si elle était traitée trop rapidement, le modèle devenait chaotique.
L'information modulant le désordre, pour qu’un comportement com-
plexe se crée, elle devait donc être traitée à l’intérieur d’un intervalle de temps
(donc de vitesse) ad-hoc. Langton était parvenu à définir un paramètre me-
surable qui indiquait cette vitesse, sachant que pour qu’un modèle acquière
un comportement complexe, la valeur du paramètre devait se trouver à l’in-
térieur d’un intervalle particulier. La vie artificielle, et apparemment aussi la
vie réelle, pouvaient alors exister en se maintenant à la frontière du chaos.
Et pour pouvoir situer cette limite (y compris pour elle-même), l'Huma-
nité avait besoin de comprendre et de vérifier toujours mieux la structure et
le fonctionnement des formes organisées et observables de la vie, au fur et à
mesure du développement de leurs interactions, naturelles puis artificielles.
Pour mieux pouvoir, l’humain devait toujours mieux savoir.
L’éco-humanisme admet et applique particulièrement la plupart de
ces idées directrices, en retenant le fait que la complexité est une pro-
priété émergente de l’auto-organisation, et que la vie est une propriété de
l’organisation de la matière. En éco-humanisme, on ne plaque donc pas
sur le vivant un modèle conceptuel arbitrairement présumé certain, mais
on étudie et on perfectionne prudemment et en permanence la modéli-
sation qui procède de l’évolution observable, pour en extrapoler peu à
peu les formes les plus utiles à notre propre évolution. Des découvertes,
telles notamment que le principe d’auto-organisation par le bas de Lang-
ton, confirment régulièrement et alimentent cette approche.
Ceci dit, reprenons le fil directeur de notre lecture, où nous avons déjà
vu comment la vie avait résulté de processus à la fois électromagnétiques
et biochimiques, ces derniers gagnant à être rappelés et situés encore un
peu, sachant que l’évolution précursive des connaissances chimiques avait
contribué à l’évolution de beaucoup d’autres connaissances.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 251