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Cela confirmait sa théorie du tout ou rien dans la transmission du si-
               gnal. Selon cette théorie, un neurone générait un signal nerveux quand il
               recevait une quantité adéquate d’impulsions excitatrices, et le signal trans-
               mis le long de la fibre avait toujours la même intensité. Une excitation plus
               intense faisait varier la fréquence des impulsions, mais l’intensité de cha-
               cune d’elles demeurait inchangée. Adrian, qui reçut un prix Nobel avec
               Sherrington en 1932, découvrit en outre que l’application continue d’un
               stimulus déterminait une adaptation atténuatrice, c’est-à-dire une réponse
               de moins en moins forte, qui pouvait même finir par disparaître.
                 C’est le phénomène grâce auquel nous parvenons à vivre dans un mi-
               lieu sans être inondés par des millions de signaux sonores, visuels, etc, à
               chaque instant de notre vie. Enfin, Adrian a réactualisé aussi une an-
               cienne découverte faite en 1924 par Johannes Berger (1873-1941), qui,
               au moyen d’un galvanomètre, avait identifié des ondes électriques d’ori-
               gine cérébrale mesurables à la surface de la tête. C’est ainsi qu’a été mise
               au point la technique de l’électroencéphalographie, utile pour l’étude du
               système nerveux et pour le diagnostic de certaines maladies cérébrales.
                 Pour situer tout cela dans l’équilibre général de l’organisme, en 1932, le
               physiologiste Walter B. Cannon (1871-1945) proposa la notion d’homéos-
               tasie, expliquant que le corps commandait ses fonctions de telle sorte que
               ses conditions internes puissent rester constantes ou bien osciller peu au-
               tour de valeurs optimales. Et puisqu'un mécanisme de ce genre supposait
               l’existence de centres nerveux qui régulaient les différentes fonctions et les
               mécanismes de variation, Cannon situait ces centres dans l’hypothalamus,
               une zone du cerveau spécifiquement régulatrice, et aussi dans des parties
               du système nerveux associées à cette zone. L’idée se révéla exacte.

                 Car  dans  le  système  nerveux,  on  pouvait  effectivement  reconnaître
               deux parties ayant des fonctions opposées mais complémentaires : le sys-
               tème sympathique et le système parasympathique, respectivement respon-
               sables, par exemple, des réactions de fuite et d’attaque, et alternativement,
               des phénomènes de sommeil et de digestion. Cannon expliqua que quand
               le  corps  devait  affronter  une  situation  d’urgence,  une  hémorragie  par
               exemple, ou bien une fièvre très forte, ou même une compétition sportive,
               l’hypothalamus excitait le système nerveux sympathique, qui augmentait le
               flux sanguin cardiaque vers les muscles, dilatait les bronches en améliorant
               l’échange de gaz, et activait les glandes sudoripares. Le système parasym-
               pathique avait des effets opposés ; il contribuait à maintenir basse la fré-
               quence cardiaque, la respiration, et le métabolisme.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      199
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