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Nous parlons avec l’hémisphère gauche, remarquait Broca, devenu un
               personnage important (élu sénateur) dans la France de la fin du 19 ème  siècle.
               En 1870, Gustav Fritsch et Edward Hitzig avaient pu confirmer que, chez
               le chien, la stimulation électrique de zones précises du cerveau causait des
               mouvements déterminés, la moitié gauche du cerveau commandant les
               mouvements de la moitié droite du corps, tandis que la moitié droite com-
               mandait ceux de la moitié gauche. Wernicke avait de son côté établi une
               carte des fonctions du cerveau, comparable au modèle de Gall, mais en
               soulignant que n'étaient localisables que celles qui jouaient un rôle com-
               portemental basique (mouvement, sensibilité, langage, etc.), tandis que
               les autres relevaient de l’activité combinée du cerveau tout entier.
                 Portée par les nombreuses découvertes qui avaient continué à l’enrichir,
               la neurologie, en tant que science des fonctions du système nerveux, s'of-
               ficialisa avec la création en 1882 d’une chaire à l’hôpital de La Salpêtrière
               de Paris, à laquelle fut appelé Jean M. Charcot (1825-1893).
                 Jusqu’en 1873, la structure du système nerveux était restée invisible à l’œil
               nu, mais cette année-là, Camillo Golgi (1843-1926), médecin dans un petit
               hôpital pour incurables à Abbiategrasso, avait mis au point une méthode de
               coloration par des particules d’argent, qui permettait de mieux observer au
               microscope les tissus nerveux et leurs cellules. L’avantage de cette méthode
               était que, même si elle ne colorait que 10% des cellules, ces dernières étaient
               bien mises en évidence, ce qui permettait de les analyser plus précisément.
               Les images obtenues montraient que chaque cellule était formée d’un corps
               central, duquel partaient un prolongement long et fin, l’axone, et d’autres
               prolongements courts, les dendrites, partaient en arborescence.
                 Ce n'était qu'un début, car Golgi ne parlait pas encore de neurone,
               terme qui sera introduit par H. W. Waldeyer en 1891 pour caractériser
               l’unité anatomique et fonctionnelle de base du système nerveux. En outre,
               il pensait que les cellules nerveuses étaient des entités qui formaient entre
               elles un réseau diffus, thèse pourtant contestée par Waldeyer, et par le pro-
               fesseur d’anatomie espagnol Santiago Ramón y Cajal (1852-1934).
                 Pendant quelques années, s’opposèrent alors la conception réticulaire
               de Golgi et la conception cellulaire de Cajal. Mais grâce à une variante de
               la technique de Golgi, le savant espagnol approfondit ses études du tissu
               nerveux. Et après avoir réalisé des recherches sur le développement em-
               bryonnaire du cerveau, il devint finalement convaincu de la théorie neu-
               ronale, selon laquelle les cellules étaient des unités distinctes, même s’il
               existait entre elles des contacts très étroits en certains points.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      195
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