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Là où les images au microscope montraient un contact entre les cel-
          lules, il y avait en fait un espace très petit, trop petit pour être vu, disait
          Cajal, qui avançait en outre l’idée que la conduction des signaux nerveux
          le long de la cellule se faisait dans un ordre précis, depuis les dendrites
          vers le corps de la cellule et l’axone, et jamais dans le sens contraire.

             Dans un domaine parallèle, comme nous l’avons vu ci-avant, Ivan P.
          Pavlov (1849-1936) avait commencé en 1879 des études sur les réflexes
          conditionnés. Grâce à ses recherches sur les chiens, il démontra qu’un ré-
          flexe salivaire était stimulé non seulement de façon directe, par la présence
          de la nourriture dans la bouche, mais aussi de façon indirecte, conditionné
          par un signal. Des recherches sur la sécrétion gastrique aboutirent à des
          révélations analogues. Par un entrainement approprié, un chien pouvait
          sécréter du suc gastrique avant qu'il n'ait de nourriture en bouche.
             Tout comme il était possible d’apprivoiser un animal, il était donc aussi
          possible de le conditionner psychiquement. S’inspirant de la théorie de Se-
          chenov sur le mécanisme réflexe de l’activité psychique, Pavlov proposa
          alors un deuxième et un troisième ordre de réflexes conditionnés, pouvant
          même être utilisés dans l’apprentissage du langage et de la pensée symbo-
          lique. Son idée était que, au moyen de réflexes conditionnés, un organisme
          pouvait  s’adapter  aux  changements  du  milieu  en  mettant  au  point  des
          formes de comportement qui lui permettraient de mieux survivre.
             Les études de Pavlov ont eu une influence profonde sur la physiologie
          et sur la psychobiologie ultérieures, malgré quelques erreurs résiduelles. Par
          exemple, on a pensé pendant longtemps que la production de sucs digestifs
          et la digestion étaient régulées par le seul système nerveux, alors que ce
          n’était pas exact. Mais c’est de Pavlov que se sont inspirées dès lors dura-
          blement de nombreuses études sur l’apprentissage et sur la maladie men-
          tale et, en particulier, le courant de pensée appelé béhaviorisme.

             Car à l’époque où Ivan P. Pavlov abordait l’étude des réflexes condi-
          tionnés, le physiologiste Charles S. Sherrington (1857-1952), de l’université
          de Londres, entamait une étude systématique des réflexes spinaux, réflexes
          élémentaires responsables, par exemple, de l’éternuement, ou de l’exten-
          sion de la jambe percutée au genou par le marteau du médecin. Il se de-
          mandait si l’observation de ces réponses simples pouvait fournir des élé-
          ments utiles à la compréhension de l’organisation et du fonctionnement
          du système nerveux. Sherrington sectionna donc le système nerveux de
          différents animaux en différents points, entre la moelle épinière et le cer-
          veau, et il en enregistra les conséquences sur certains réflexes.



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