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Même le savant et philosophe René Descartes (1596-1650) pensait
que l’âme était une substance qui se manifestait à travers l’épiphyse, une
petite glande située dans la partie postérieure du cerveau.
En fait, les premières études systématiques sur les nerfs n’ont pu être
réalisées qu’au début du 19 siècle, parce qu’on manquait jusqu’alors
ème
d’instruments et de techniques permettant d’identifier les phénomènes cel-
lulaires réels, biochimiques et électriques, impliqués dans l’activité du cer-
veau. Avec les moyens améliorés de cette époque, le physiologiste allemand
Johannes P. Muller (1801-1858) avait pu montrer l'existence de nerfs sen-
sitifs et de nerfs moteurs, la stimulation des premiers déterminant toujours
le même type de sensation, indépendamment du type de stimulus utilisé.
Puis en 1830, le physiologiste allemand Marshall Hall (1790-1857) avait
commencé à distinguer les réflexes nerveux et à leur attribuer la qualité de
réponses élémentaires. Et en 1840, Émile du Bois-Reymond (1818-1896),
à l’aide d’un galvanomètre, avait identifié des courants nerveux.
A la même époque, un médecin allemand spécialiste d’anatomie, Franz
J. Gall (1758-1828), en conflit avec les courants spiritualistes, soutenait que
les fonctions mentales, comme toutes les autres fonctions de l’organisme,
avaient une base physiologique dans le cerveau. Gall précisait que ce cer-
veau n’était pas un organe unitaire, mais un ensemble d’au moins trente-
cinq centres, dont chacun était responsable d’une fonction. Étant donné
que l’exercice d’une fonction, selon Gall, déterminait les dimensions du
centre correspondant, et des os du crâne situés autour, l’extension des dif-
férentes zones du crâne -et donc la forme de la tête- pouvait alors servir à
déduire certains profils de personnalité. Malheureusement, des dérives mor-
pho-psychologiques à ressorts idéologiques et socio-politiques perturbants
allaient temporairement dévoyer cette hypothèse novatrice.
Et d’autres scientifiques développaient eux aussi des points de vue
erronés. Dans les années 1820 et 1830, le savant français M. J. Fluorens
(1794-1867) soutenait que les fonctions mentales n'étaient pas localisées
et que tout le cerveau participait à l’élaboration de la pensée, et ces idées
avaient prospéré dans la première moitié du 19 ème siècle. En réaction,
l'Anglais John H. Jackson (1834-1911) d’abord, puis, en 1861, le Français
Paul-Pierre Broca (1824-1880), et en 1876 l’Allemand Carl Wernicke
(1848-1905), avaient publié des études mettant en relation le dommage à
différentes zones du cerveau avec l’altération de telle ou telle fonction.
Broca et Wernicke, en particulier, avaient identifié dans le lobe temporal
de l’hémisphère gauche la zone responsable du langage.
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