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Les recherches sur ce point ont pris un tournant décisif au milieu du
               18  siècle, quand on a observé que le muscle contenait des molécules
                 ème
               particulières, assemblées de façon discontinue (actine, myosine, tropomyo-
               sine) et qui, à l’arrivée de l’impulsion nerveuse, glissaient l’une sur l’autre
               en produisant un raccourcissement du muscle par sa contraction. En dis-
               tinguant la fonction nerveuse de la fonction musculaire, Albrecht von Hal-
               ler put alors définir plus clairement la fonction du nerf, non pas en tant
               que conduit rempli d’esprit vital, mais en tant qu'organe ayant la spécificité
               de transmettre et de produire la sensation et l’impulsion. En outre, von
               Haller observa que tous les nerfs étaient reliés au cerveau ou à la moelle
               épinière, lesquels étaient par conséquent des relais centralisateurs de la per-
               ception sensorielle et des réponses de l’organisme.

                 L’œuvre de von Haller fut poursuivie par le médecin allemand Franz
               Joseph Gall (1758-1828), qui démontra en 1796 que les nerfs arrivaient
               dans une zone particulière du cerveau, la matière grise, qui entourait la ma-
               tière blanche, considérée alors comme une simple substance conjonctive.
               Comme von Haller, Gall était convaincu que certaines parties du cerveau
               commandaient des parties déterminées du corps, et il alla même jusqu’à
               considérer qu’à  des parties  spécifiques du cerveau  correspondaient des
               qualités émotionnelles et caractérielles particulières. Cette idée fut tempo-
               rairement extrapolée sur une mauvaise voie par certains disciples, repré-
               sentants de la phrénologie, selon lesquels ces qualités pouvaient être esti-
               mées en examinant les formes du crâne.
                 Malgré ces erreurs, l’idée selon laquelle, dans le cerveau, différentes zones
               remplissaient des tâches différentes, s'affirma tout de même, ce qui mena à
               des résultats finalement positifs. Au siècle suivant, Pierre-Paul Broca (1824-
               1880) identifia la zone du cerveau responsable de la parole. Et en 1870, par
               des expériences sur le cortex cérébral d’un chien, les neurologues allemands
               Gustav T. Fritsch (1838-1891) et Eduard Hitzig (1838-1907) découvrirent
               que l’hémisphère gauche du cerveau commandait la moitié droite du corps,
               et inversement. Au début du 20  siècle, les études sur le système nerveux
                                         ème
               entretenaient ce regain d’activité, en prolongeant les expériences passées.
                 Peu avant, en 1873, Camillo Golgi (1843-1926) avait perfectionné une
               méthode de coloration du tissu nerveux, qui lui permettait d’en étudier la
               structure microscopique. Il semblait qu’il s’agissait d’un réseau, c’est-à-dire
               d’une structure continue, car il ne voyait pas d’espaces vides entre les neu-
               rones, les unités constitutives du réseau. Le neurologue espagnol Santiago
               Ramón y Cajal (1852-1934) pensait pourtant que de tels espaces existaient.



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