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Vers la fin du siècle, Joseph von Merign (1849-1908) et Oskar Minkovsky
          (1858-1931) démontrèrent que l’ablation du pancréas chez un animal causait
          une brusque augmentation du sucre dans son sang, ce qui indiquait que cet
          organe produisait une substance ayant un effet régulateur du sucre.
             Ces observations induisaient aussi que certains organes du corps pro-
          duisaient une substance qui exerçait des effets importants, y compris inat-
          tendus, même sur des parties éloignées. On en eut une première confir-
          mation en 1895, quand des physiologistes découvrirent qu’un extrait de
          surrénales injecté à une souris augmentait sa pression sanguine. Le chi-
          miste japonais Jokichi Takamine (1854-1922) identifia en 1901 la subs-
          tance responsable de ce phénomène, qu'il appela adrénaline. C’était la pre-
          mière fois qu’on isolait ce qui allait être appelé une hormone. Le terme
          d'hormone, dérivé d’un mot grec qui signifie exciter, fut utilisé dès 1905
          par deux physiologistes anglais, William M. Bayliss (1860-1924) et Ernest
          H. Starling (1866-1978) pour définir la sécrétine, une substance produite
          par l’intestin et qui incitait le pancréas à produire des sucs digestifs.
             Constatant que la coupure des nerfs qui arrivaient au pancréas ne blo-
          quait pas la production hormonale de cet organe, Bayliss et Starling en
          avaient déduit qu’il devait exister un messager chimique, qu’ils identifièrent
          effectivement dans la sécrétine. Une fois introduit le concept d’hormone
          comme messager chimique, Bayliss démontra que d’autres glandes endo-
          crines produisaient également des hormones. Des confirmations en furent
          apportées par Edward C. Kendall (1886-1972) qui en 1914 isola la thy-
          roxine, l’hormone de la thyroïde. En 1921, Frederick G. Banting (1891-
          1941) et Charles H. Best (1899-1978) identifièrent l’insuline.
             D’autres  recherches  montrèrent  ensuite  qu’une  même  hormone  ne
          remplissait pas toujours les mêmes fonctions dans tous les organismes.
          Entre 1912 et 1918, par exemple, on découvrit que l’hormone thyroïdienne
          commandait une métamorphose des têtards de grenouilles. Dans les an-
          nées 1930, on découvrit que les plantes elles aussi produisaient des subs-
          tances ayant des fonctions hormonales. En 1933 et en 1934, on traita res-
          pectivement les auxines et les gibbérellines, hormones régulatrices de la
          croissance. Par d’autres découvertes dans le domaine végétal, on parvint à
          comprendre que des hormones jouaient un rôle fondamental dans la vie
          des plantes parce qu’elles étaient leur seul moyen de communication entre
          les racines, le tronc et les feuilles, et par conséquent le seul système de ré-
          gulation  des  fonctions,  de  la  croissance  à  la  floraison,  depuis  les  flux
          d'échanges du tronc et des feuilles jusqu’à la chute de ces dernières.



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