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Car dans les années 1920 on avait découvert aussi des liens entre l’ex-
          crétion de l’azote et l’état du milieu, c’est-à-dire entre la physiologie du mé-
          tabolisme azoté et les cycles écologiques. En 1929, Joseph Needham pré-
          cisait que l’azote qui se formait dans les organismes par effet du métabo-
          lisme protéique était libéré de façon différente selon les espèces. De nom-
          breux vertébrés aquatiques et quelques invertébrés éliminaient leurs dé-
          chets azotés sous forme d’ammoniac, un  composé  toxique, mais qu’ils
          pouvaient évacuer dans leur milieu naturel. Par contre, les reptiles et les
          oiseaux rejetaient de l’acide urique, tandis que les mammifères et les am-
          phibiens évacuaient leurs substances azotées après les avoir transformées
          en urée. Ces deux dernières solutions, plus coûteuses en termes énergé-
          tiques,  leur  permettaient  toutefois  d’économiser  de  l’eau  et  de  retenir
          l’urine dans le corps sans risque. Needham souligna donc que le milieu
          dans lequel vivait l’animal conditionnait le choix de sa voie métabolique.

             Dans un autre domaine encore, celui de la physiologie du mouvement
          musculaire, avaient été publiées depuis le début du 18  siècle des études
                                                       ème
          anatomiques sur les nerfs et les centres nerveux. Le mouvement musculaire
          était jusqu'alors expliqué en partie selon les idées de Galien (130-200), et nom-
          breux étaient les praticiens qui pensaient qu’un fluide nerveux circulait dans
          les nerfs, comme le sang circulait dans les veines, et que les muscles se con-
          tractaient grâce à l’intervention d’esprits animaux ou de forces vitales.
             Or,  Albrecht  von  Haller  (1708-1777)  avait  vérifié  que  les  muscles
          étaient excitables, puisque si on les stimulait directement, ils se contrac-
          taient ; puis il découvrit qu’il pouvait obtenir le même résultat par une sti-
          mulation indirecte des nerfs reliés aux muscles. Étant donné que l’irritabi-
          lité du nerf était supérieure à l’irritabilité musculaire, von Haller en déduisit
          que les mouvements musculaires étaient commandés par une stimulation
          nerveuse. Cette théorie de l’irritabilité favorisait le dépassement des con-
          ceptions mécanistes précédentes, et ouvrait la voie à des recherches pro-
          metteuses,  même  au-delà  de  la  contraction  musculaire.  Effectivement,
          Luigi Galvani (1737-1798) a développé des études sur l’électricité animale,
          et Antoine-Laurent de Lavoisier (1743-1794) a réalisé d'autres études sur
          le rapport entre l’exercice musculaire et la consommation d’oxygène.

             On découvrit alors que la conduction du signal nerveux au muscle se
          faisait par un médiateur chimique, libéré sur la partie terminale de la fibre
          nerveuse. Entre celle-ci et le muscle, existait un espace de dimensions ultra-
          microscopiques, analogue à l’espace qui reliait les cellules du système ner-
          veux. Mais comment se faisait la contraction musculaire proprement dite ?



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