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Mais il n’était pas encore possible d’en démontrer l’existence, ni le fait
          que le tissu nerveux soit formé d’unités cellulaires élémentaires. Les théo-
          ries réticulaire et neuronale se confrontèrent jusqu’à ce que le microscope
          électronique  confirme  qu’il  existait  effectivement  entre  les  cellules  un
          mince espace vide, baptisé synapse par Charles S. Sherrington (1857-1952).

             Les recherches sur les neurones dévoilèrent en outre la structure plus
          précise des nerfs. L’anatomiste allemand Wilhelm von Waldeyer (1836-
          1921) démontra en 1891 que les fibres des nerfs étaient de fins prolon-
          gements des cellules nerveuses. Et les premières expériences sur les mé-
          canismes biochimiques responsables de la transmission dans ces circuits
          nerveux purent donc avoir lieu au début du 20 ème  siècle.

             Ces expériences furent d’abord faites sur le cœur. En 1921, le cher-
          cheur Otto Loewi (1872-1961) identifia un mécanisme chimique par le-
          quel le système nerveux régulait le battement cardiaque. Après une stimu-
          lation du nerf vague, appliquée sur un cœur placé dans une solution li-
          quide, un extrait de cette solution modifiait le battement d’un autre cœur.
          La stimulation nerveuse du premier cœur avait donc libéré une substance
          chimique en mesure de conditionner le battement du deuxième cœur.
             Tout ceci n'était pourtant qu'un début dans les recherches sur la trans-
          mission chimique de l’impulsion nerveuse entre les cellules, ce qui justifia
          bientôt la création d'une discipline dédiée, la neurochimie. Cette nouvelle
          discipline a peu à peu construit un panorama intéressant de ce qui avait
          lieu entre les cellules nerveuses au passage du signal chimique. On a no-
          tamment découvert qu’il existait de nombreux médiateurs chimiques de
          l’impulsion nerveuse, certains étant excitateurs, d’autres étant inhibiteurs.
          On a découvert aussi que ces médiateurs modifiaient le fonctionnement de
          la cellule cible, qui se trouvait de l’autre côté de la synapse, mais seulement
          après s’être liés à des récepteurs, faisant office de serrures moléculaires.

             Le chercheur scientifique qui avait introduit le terme de synapse, Sher-
          rington, était par ailleurs l’un des premiers à étudier ce que l’on appelait les
          réflexes nerveux, ces mécanismes automatiques qui nous font par exemple
          fermer les paupières dès que quelque chose effleure notre œil, ou retirer la
          main quand nous touchons un corps brûlant. Après une période pendant
          laquelle le système nerveux avait été un terrain de recherche plutôt réservé
          aux anatomistes, qui le considéraient plus comme un amas neutre de cellules
          que comme un lieu où étaient exercées des fonctions, Sherrington mit l’ac-
          cent sur l'organisation de ces dernières, ouvrant une voie qui l’a fait finale-
          ment considérer comme le principal pionnier de la neurophysiologie.



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