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Le sectionnement séparait des parties du système nerveux, par exemple
la moelle épinière et les centres nerveux supérieurs. En observant à chaque
fois si le réflexe y persistait, le chercheur essayait d’identifier l’origine de ces
réflexes à l’intérieur du système nerveux, et de comprendre quel était le mé-
canisme impliqué. Sherrington observa alors que, chez des animaux diffé-
rents, le sectionnement avait toujours le même effet, ce qui laissait à penser
qu’il existait un ordre et une hiérarchie précis dans le système nerveux ani-
mal. Il conclut que l’interaction fondamentale de ce système nerveux (le
réflexe simple) était due à un circuit de neurones coordonnés, sensitifs et
moteurs. Le neurone sensitif recueillait les stimuli externes, par exemple des
stimuli douloureux, et les menait à la moelle épinière, puis un neurone mo-
teur envoyait des signaux aux muscles devant exercer la réponse motrice.
Sherrington, qui était un partisan de la théorie cellulaire de Cajal, appela
synapse le point de contact fonctionnel entre les cellules nerveuses. À l’issue
de recherches répétées, il conclut ensuite que le système à deux types de
cellules n’était pas indépendant, mais qu’il était commandé par d’autres sys-
tèmes à cellules multiples, lesquels étaient commandés à leur tour par des
systèmes encore plus complexes. Un même signal sensitif activait simulta-
nément plusieurs voies nerveuses et plusieurs neurones, et en retour les im-
pulsions reçues par le neurone moteur pouvaient y arriver par des voies
différentes. Plus les systèmes étaient complexes et riches en cellules, plus ils
s’étendaient de façon diffuse dans le système nerveux, et plus ils interfé-
raient avec les signaux (Sherrington disait qu’ils les intégraient).
Et même dans un spectre large de réponses, par exemple dans la
marche, on pouvait identifier telle ou telle chaîne de réflexes simples.
Dans son ouvrage de 1906 The Integrative Action of Nervous System, Sher-
rington soulignait donc qu’il existait une continuité coordonnée de l’ac-
tivité du système nerveux, depuis le réflexe le plus simple, qui définissait
une unité comportementale basique, jusqu’aux réflexes les plus com-
plexes, tels que le comportement coordonné d’un ensemble locomoteur.
Sherrington qualifiait de récepteurs les structures sensitives chargées
de recueillir les stimuli du milieu. Et dans les premières années du 20 ème
siècle, on en découvrit plusieurs types différents, sensibles à la chaleur,
au toucher, etc. Par ailleurs, ce concept de récepteur, introduit à la fin du
19 ème siècle par le chimiste allemand Paul Ehrlich, avait rencontré aussi
un accueil favorable chez les pharmacologues, qui l’employèrent notam-
ment pour caractériser les molécules des cellules musculaires et nerveuses
qui étaient capables de se lier à des substances chimiques déterminées.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 197