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Dans ce sens, en 1906, John Langley avait avancé l’hypothèse, vérifiée
par la suite, que l’effet du curare et de la nicotine sur les muscles mobili-
sait plusieurs récepteurs. Mais comment les signaux nerveux traversaient-
ils les synapses, d’une cellule à l’autre ? Cette question demeura sans ré-
ponse jusqu’en 1914. Cette année-là, Henry H. Dale (1875-1968) décou-
vrit, après avoir identifié l’acétylcholine dans un champignon, que cette
substance stimulait la contraction musculaire. Puis dans les années 1920,
le physiologiste allemand Otto Loewi (1873-1961) découvrit que le nerf
vague régulait une substance qui modifiait le battement cardiaque. Ces
découvertes relancèrent indirectement le débat scientifique sur la struc-
ture des synapses. S’agissait-il de points de contact électriques, comme le
pensait John C. Eccles, ou mixtes, à la fois électriques et chimiques,
comme le pensait Dale ?
La question a été résolue dans les années suivantes par Dale lui-même.
Il vérifia en effet comment l’acétylcholine intervenait chez les animaux,
et il constata qu’elle était libérée à l’extrémité des fibres nerveuses mo-
trices, à l’arrivée de l’impulsion nerveuse. Ce qui identifia le premier neu-
romédiateur, ou neurotransmetteur, termes utilisés ensuite pour désigner
les substances biochimiques qui transmettent les signaux entre les cellules
nerveuses, et entre celles-ci et les muscles.
Il était alors clair que l’arrivée d’une impulsion déterminait la libération
d’un médiateur à la terminaison de l’axone, et que ce médiateur modifiait
le potentiel électrique de la cellule réceptrice, qui pouvait générer une autre
impulsion nerveuse. La propagation et la transmission de l’impulsion ner-
veuse étaient donc, en séquence, électrique-chimique-électrique. Restait à
savoir pourquoi et comment la production apparemment continue d’un
médiateur excitateur déterminait une réponse motrice séquentielle. La so-
lution a été fournie par Otto Loewi, qui par des recherches expérimentales
sur des animaux, montra que leur tissu musculaire contenait de l’acétylcho-
linestérase, une substance qui régulait l’acétylcholine.
Les recherches de Dale et Loewi leur ont valu un prix Nobel, en 1936.
Mais même s’il était admis depuis les années 1920 que la transmission de l’im-
pulsion nerveuse se faisait avec une modulation du potentiel électrique le long
de la fibre nerveuse, le détail du processus n’était pas encore assez clair.
Intervint alors Edgar Adrian (1899-1977). Par une délicate technique de
dissection des nerfs et par la mise au point d’un tube d’amplification capable
de recueillir des signaux électriques de quelques millivolts, Adrian obtint les
premiers enregistrements du passage d'un signal nerveux dans une fibre.
198 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL