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Un autre domaine majeur de la physiologie était celui de la reproduction
          des êtres vivants. Pendant des siècles, l’étude de ce domaine avait été reliée
          au thème sensible de l’origine du vivant, et il avait fait l’objet d’hypothèses
          plus ou moins pertinentes. Par exemple, comment, et à partir de quoi, nais-
          saient les êtres vivants microscopiques qui peuplaient l’eau des étangs, et
          ceux qui grouillaient dans la matière organique en putréfaction ? Se géné-
          raient-ils spontanément ou se développaient-ils à partir d’œufs, comme les
          animaux  plus  grands  ?  Et  si  ces  organismes  se  reproduisaient  à  partir
          d’œufs déposés par une femelle, quel était le rôle du mâle ?
             En fait, on avait longtemps cru que de nombreuses formes de vie nais-
          saient à partir de substances non-vivantes, par génération spontanée : les
          vers et les têtards à partir de la boue, et les mouches à partir de carcasses
          d’animaux. Mais cette croyance fut démentie par Francesco Redi (1626-
          1698), suivi deux siècles plus tard par Louis Pasteur (1822-1895).
             Redi avait démontré en 1668 que les mouches ne pouvaient se déve-
          lopper à partir de la viande que si d’autres mouches y avaient déposé des
          œufs. Pasteur, quant à lui, confirma en 1861, que sur une surface stérili-
          sée, c’est-à-dire d'où l’on avait éliminé toute trace de vie, il ne pouvait
          croître aucun organisme vivant, pas même microbien, malgré ce que con-
          tinuaient à penser de nombreux autres savants de son époque.

             Un thème connexe important était celui des modes de reproduction.
          Au 17 ème  siècle, le constructeur de lentilles hollandais Antony Van Leeu-
          wenhoeck (1632-1723) avait observé pour la première fois en 1677 des
          spermatozoïdes au microscope, et il les avait appelés animalcules (littéra-
          lement petits animaux). Cette découverte eut un grand retentissement.
          Nombreux furent ceux qui décidèrent d’identifier là les responsables de
          la reproduction animale, puisqu’à l’intérieur des spermatozoïdes se trou-
          vaient non seulement le modèle du nouvel être, appelé homunculus, mais
          aussi celui des enfants de toutes les générations suivantes.
             Selon ce raisonnement, on avait donc d'abord considéré que le res-
          ponsable de la reproduction était le père, tandis que la mère avait pour
          fonction d’accueillir le fœtus pendant la période de grossesse. De l’avis
          des partisans de ce modèle, appelés animalculistes, les éventuelles res-
          semblances de l’enfant avec la mère étaient seulement dues à des condi-
          tionnements prénataux. Mais en l’espace de quelques années une vive
          polémique naquit, parce qu’un autre hollandais, Reiner de Graaf (1641-
          1673), avait pu de son côté fournir la première description du follicule
          ovarien, la structure de l’ovaire contenant l’œuf.



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