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À chaque inspiration, le thorax se dilatait, ce qui abaissait la pression
          à l’intérieur de la cavité, à un point tel que la partie interne de la plèvre et
          le poumon qui y est attaché étaient eux aussi entraînés en dilatation. La
          dépression attirait l’air, qui remplissait alors les voies respiratoires.
             Quant au processus de nature chimique, on en avait trouvé une pre-
          mière  présentation  dans  les  travaux  d’Antoine-Laurent  de  Lavoisier
          (1743-1794). Le chimiste français suggéra, en 1785, que la respiration était
          une combustion semblable à celle d’une bougie qui brûle, parce qu'elle
          consommait de l’oxygène et produisait en retour du gaz carbonique, du fait
          de la combinaison de l’oxygène avec le carbone. Les observations de La-
          voisier furent confirmées par Lazzaro Spallanzani, qui parvint à démontrer
          que les organes et les tissus vivants absorbaient effectivement de l’oxygène
          et libéraient du gaz carbonique. Chez les animaux privés de poumons, cette
          fonction était assurée par d’autres organes, mais elle existait.
             En 1908, Otto H. Warburg (1883-1970) commença à étudier la respi-
          ration cellulaire, à travers les réactions chimiques d’oxydation permettant
          aux cellules d’utiliser un sucre, le glucose, comme une source d’énergie, en
          consommant de l’oxygène et en produisant du gaz carbonique. Ces gaz,
          par conséquent, devaient circuler dans l’organisme, depuis et vers les pou-
          mons. Le mécanisme responsable de ce transport fut décrit quelques an-
          nées plus tard par J. Barcroft (1872-1947) et John S. Haldane (1860-1936),
          qui éclaircirent la fonction de distribution gazeuse du sang. On était donc
          parvenu peu à peu à la conception générale selon laquelle la matière vi-
          vante générait une transformation continue des substances chimiques et
          énergétiques nécessaire au maintien de ses fonctions.
             Divers agents chimiques y contribuaient. Dès 1833, le chimiste français
          Anselme Payen (1795-1871) avait notamment découvert dans l’extrait de
          malt des substances capables d’accélérer la conversion de l’amidon en glu-
          cose, et il les avait appelées diastases (du grec séparer). L’étude des ferments,
          autre terme utilisé pour désigner de tels transformateurs biologiques, se
          poursuivit durant la seconde partie du 19  siècle, et introduisit une distinc-
                                           ème
          tion entre les ferments organisés, qui agissaient à l’intérieur de la cellule, et
          les ferments dits non organisés, qui agissaient hors de cette dernière.
             Par exemple, les ferments digestifs étaient de type non organisé, et
          ceux du levain étaient de type organisé. Ce n’est qu’en 1878 que le phy-
          siologiste allemand Wilhelm F. Künhe (1837-1900) a introduit l'emploi du
          terme plus distinctif d’enzymes, dont le sens littéral indiquait que leur ac-
          tion était semblable à celle des cellules vivantes du levain.



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