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LA PHYSIOLOGIE




                    Jusqu’au 15 ème  siècle, les dissections des anatomistes avaient fourni
               des  descriptions, qui  étaient  devenues  progressivement plus  claires  et
               plus justes, de l’intérieur du corps animal. Mais on connaissait encore peu
               de choses sur les interactions, et sur la façon dont fonctionnaient la plu-
               part des organismes vivants, tant animaux que végétaux. On ne disposait
               pas encore d’un modèle de fonctionnement valablement opposable aux
               conceptions traditionnelles, notamment à celle de Galien, selon laquelle
               le corps vivant était animé par des esprits. D’après Galien, l’esprit animal,
               qui siégeait dans le cerveau, donnait la sensation et le mouvement ; l’es-
               prit vital, situé dans le cœur, régulait la circulation du sang et de l’air ; et
               l’esprit naturel, depuis le foie, contrôlait l’activité nutritive et digestive.
                 Les premières tentatives pour dépasser ces conceptions furent celles des
               iatrochimistes et des iatrophysiciens (iatro signifiant médecine). Les iatrochi-
               mistes, notamment Paracelse (1493-1541), pensaient qu’on ne pouvait ex-
               pliquer le fonctionnement du corps humain que sur la base de réactions
               chimiques, mais ils ne parvenaient pas à aller au-delà de leurs observations
               et de leurs résultats incomplets. De leur côté, des iatrophysiciens tels que
               l’anglais William Harvey (1578-1657) s’inspiraient du modèle cartésien du
               corps, représenté comme une comme machine organique, impliquant que
               l’organisme vivant soit constitué de mécanismes liés et interdépendants.
                 Une opposition vive entre ces deux conceptions empêcha longtemps
               de tester consensuellement de nouvelles notions de chimie, de physique,
               et d’anatomie, sur un modèle de fonctionnement général de l’organisme
               vivant. Dans ces conditions, au début du 18 ème  siècle, a pu se constituer par
               défaut  une  théorie  temporaire,  dite  vitaliste,  créée  par  Georg  E.  Stahl
               (1660-1734). Comme dans la conception galénique, ce médecin allemand
               soutenait que les lois et les principes de chimie et de physique ne permet-
               taient pas de connaître le secret des êtres vivants, dominés par l’action
               d’une force vitale, ou d’un esprit vital, de nature mystérieuse. Ce vitalisme,
               qui a influencé des études de physiologie et de biologie depuis le 18 ème
               siècle, a décliné seulement à la fin du 20 ème  siècle.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      175
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