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Jusqu’à la deuxième moitié du 19 ème siècle, l’idée prédominante était
que les substances nutritives organiques non minérales, telles que les
sucres, les graisses et les protéines, suffisaient au métabolisme des ani-
maux, y compris humains. Mais médicalement, les connaissances dispo-
nibles n’éclaircissaient pas la cause de maladies comme le scorbut, très
commun chez les marins, ou le béribéri, répandu dans certaines zones du
monde, et ne permettaient pas d’interpréter de façon correcte ce qu’avait
découvert James Lind (1716-1794), un capitaine de la marine anglaise.
Observateur aigu, Lind avait remarqué, lors de plusieurs études cli-
niques conduites durant sa navigation, que l’ajout d’un peu de citron servait
à prévenir le scorbut. Depuis, du jus de citron avait été ajouté aux rations
des équipages qui travaillaient sur les bateaux. La raison pour laquelle le jus
de citron était si important, et ce qu’il contenait, restaient encore toutefois
un mystère.
Dans les deux dernières décennies du 19 ème siècle, différentes re-
cherches avaient ensuite vérifié qu’une alimentation fondée uniquement
sur les graisses, les sucres et les protéines n’était pas suffisante pour sa-
tisfaire tous les besoins nutritifs des animaux (y compris humains).
En 1882, le directeur général du département médical de la marine
japonaise, Kanhino Takaki, avait notamment pu éviter le béribéri en fai-
sant ajouter de la viande fraîche à l’alimentation des marins, et on avait
découvert par ailleurs que l’ajout d’huile de foie de morue prévenait le
rachitisme, une maladie des os.
Au début du 20 ème siècle s’affirma donc de mieux en mieux l’idée que
certaines maladies pouvaient être dues à des carences alimentaires, et en
particulier à un manque de petites quantités d’éléments nutritifs orga-
niques, appelés vitamines (littéralement, amines de vie).
Ce terme a été introduit en 1912 par le biochimiste polonais Kazmierz
Funk (1884-1967), quand il découvrit que la substance qui prévenait le
béribéri avait des propriétés chimiques d’une amine. Même si l’on se ren-
dit compte bientôt que d’autres vitamines n’avaient pas les mêmes pro-
priétés, on a continué à les appeler ainsi. Leur dénomination, qui sera en
usage longtemps, et qui utilise les premières lettres de l’alphabet, a été
introduite en 1920 par J. C. Drummond.
On était donc alors parvenu à distinguer plus clairement les éléments
nutritifs essentiels que l’organisme vivant devait tirer des aliments, et les
éléments nutritifs qu’il pouvait auto-élaborer, même si les besoins des
différents organismes vivants n’étaient pas les mêmes pour tous.
178 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL