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Par l’enquête ultra-structurelle, l’anatomie a alors pu franchir les li-
mites théoriques de l’étude morphologique du moment, en montrant que
les facteurs qui déterminaient les formes étaient liés aussi à la nature de
macromolécules organiques. Pendant la première et la deuxième décen-
nies du 20 ème siècle, ont alors été établies de nouvelles méthodes pour les
disciplines morphologiques, et plus généralement pour l’anatomie.
Sur la base de travaux précédents de plusieurs naturalistes et statisti-
ciens, notamment de Karl Pearson (1857-1936) et de Francis Galton
(1822-1911), on a cherché à étudier des phénomènes, tels que l’évolution
biologique et la morphologie des êtres vivants, de façon plus précisément
quantifiée. Galton avait prévenu que tant que les phénomènes étudiés ne
seraient pas soumis quantitativement au nombre et à sa mesure, leur étude
n’atteindrait pas la dignité probante d’une science.
De là est donc née une discipline nouvelle, la biométrie. Son but prin-
cipal a été de fournir des informations assez exactes pour permettre de découvrir
le début de variations évolutives trop petites pour pouvoir être observées d’une autre
façon, écrivit un éditorialiste de la revue Biometrika, organe officiel de la
société anglaise de biométrie. En pratique, on tentait d’analyser synthéti-
quement les formes anatomiques pour y découvrir des relations numéri-
sables, compte-tenu des moyens de plus en plus puissants disponibles.
Cette orientation vers la biométrie avait commencé avec une œuvre
singulière de D’Arcy W. Thompson, qui avait publié en 1917 le livre On
Growth and Form, consacré à la croissance biologique en relation avec les
contraintes de forme, dans une approche partiellement philosophique de
la biométrie, mais qui accordait une grande attention aux forces et aux
contraintes qui étaient à la source des manifestations de formes.
Sa thèse affirmait même que l’esprit humain pourrait conceptualiser
des modèles géométriques de transformations fonctionnelles (anato-
miques et physiologiques), car ceux-ci étaient isomorphes avec l’être bio-
logique humain, dans la mesure où ils avaient évolué avec lui, et où ils
s’accordaient avec sa relation intelligente au même monde naturel.
Le courant de pensée éco-humaniste a développé une approche un peu
semblable, en ce qui concerne l’adaptation du fait humain à la substance
fondamentale de son environnement, en corrélation avec l’évolution bio-
logique intelligente de l’espèce, en insistant sur l’importance de la maîtrise
de l’information nécessaire au développement, et sur le caractère consubs-
tantiel de l’Être humain et de son environnement naturel originel.
174 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL