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De sedibus et causis morborum per anatomen indagatis fut un ouvrage ma-
jeur, que Gian Battista Morgagni (1682-1771) avait orienté sur les causes
anatomiques des maladies. Par la suite, grâce à René T. H. Laennec (1781-
1826), la méthode morphologique devint fondamentale dans le diagnostic
médical. Puis l’anatomie microscopique connut autre un essor significatif
dans la première moitié du 19 siècle, avec en 1830 la mise au point d’un
ème
microscope achromatique, qui permettait d’agrandir des objets en évitant
les défocalisations colorées qui cachaient jusqu’alors des détails.
Une étude plus précise des tissus a alors pu être d'autant mieux entre-
prise par le médecin français François-Xavier Bichat (1771-1802), qui in-
troduisit le mot tissu, et qui fonda la science qui les étudie, l'histologie,
en lui impulsant un développement important, avec une caractérisation
précise des différents types de tissus et de leur structure microscopique
observée. On définit en conséquence l’un des principes fondamentaux
de l’anatomie microscopique, celui selon lequel la différenciation mor-
phologique se fait parallèlement à la différenciation fonctionnelle, impli-
quant que la forme et la fonction soient corrélées.
On observa effectivement peu après que l’organisation des tissus révé-
lait des caractéristiques structurelles qui étaient à la base de leurs aptitudes
fonctionnelles. Autrement dit, l’observation morphologique du tissu d’un
organe permettait d’en tirer des informations utiles pour en établir la fonc-
tion. Il s’agissait de l’une des contributions les plus importantes de la mé-
thode morphologique. Les études sur les tissus menèrent aussi à la défini-
tion d’une nouvelle théorie sur la constitution de la substance vivante, c’est-
à-dire à l’énonciation de la théorie cellulaire, selon laquelle toutes les cellules
de l’organisme dérivent d’autres cellules, ce qui était un progrès important.
Dans le domaine connexe de l’anatomie comparée, la plupart des his-
toriens des sciences considèrent Georges L. Cuvier (1769-1832) comme
le fondateur de cette discipline. C’est en effet à lui que l’on doit la pre-
mière grande analyse comparative des organismes vivants, sur la base de
leur structure anatomique et fonctionnelle.
Un thème fondamental orienta toutes ses recherches : le principe de la
corrélation et du balancement des organes, fondé sur l’idée que, chez les
êtres vivants, les organes ne sont pas simplement juxtaposés, mais qu’ils
interagissent les uns avec les autres de façon précisément liée, en coopérant
dans un but commun. Dans ses analyses, Cuvier a toujours mis en avant
un point de vue fonctionnel, s’opposant en ceci à l’ancienne anatomie sim-
plement morphologique. Et Darwin allait mener cela encore plus loin.
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