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De son côté, entre 1917 et 1921, Wolfgang Köhler (1887-1967) avait
réalisé des recherches qui démontraient l’habileté des singes anthropo-
morphes à construire une série d’actions enchaînées, visant un objectif.
C’était l’un des premiers exemples d’étude sur l’intelligence animale, menée
en utilisant des tests spécifiques à une telle investigation. Puis, entre 1924
et 1928, O. Heinroth et M. Heinroth avaient effectué des expériences sur
le comportement de différents oiseaux, dans la nature et en captivité. Leurs
conclusions, publiées dans l’ouvrage Die Vogel Mitteleuropas (Les oiseaux
de l’Europe centrale), expliquaient que, quand les animaux étaient privés
de certaines informations fondamentales, ou qu’ils en recevaient de mau-
vaises, dans des phases particulières de leur développement, ils présen-
taient des troubles comportementaux irréversibles.
À partir de ces conclusions, on a considéré qu’il existait une phase cri-
tique d’apprentissage, avant et après laquelle les informations structurantes
n'étaient plus intégrées. Cela introduisait une notion de temps d’imprégna-
tion, qui sera développée quelques années plus tard par Konrad Lorenz.
Le courant de recherches sur l’imprégnation s'est révélé fécond pour
l’éthologie, et a attiré, parmi d’autres, Nikolaas Tinbergen (1907-1988).
Dans la même période, commençait également l’étude de ce que l’on a
appelé plus largement le comportement socialisé des animaux. On parvint
à comprendre que les actions à caractère social d’un animal, au moins dans
certains groupes taxonomiques, devaient être prises en considération pour
éclairer l’organisation interne, et donc les facultés adaptatives, du groupe
dans lequel vivait l’individu. Un exemple était est la hiérarchie du coup de
bec parmi les poules, qui montrait les relations souvent très complexes qui
se créent à l’intérieur d'un groupe animal socialisé.
Dans ces recherches, les contributions de W.C. Allee (1885-1955), qui
a publié Animal Aggregation, en 1931, et The Social Life of Animals, en
1938, ont été essentielles. Ces recherches ont eu un développement con-
sidérable, dans les années 1970, grâce aux contributions d’Edward O.
Wilson, pionnier de la sociobiologie.
Pour sa part, Karl von Frisch (1886-1982), est une autre figure remar-
quable de l’éthologie des premières décennies du 20 ème siècle. Sa première
publication sur le comportement des abeilles, Der Farbesinn und Formesinn
der Bienen, date de 1914. Né à Vienne, où il avait obtenu une maîtrise en
philosophie et en zoologie, von Frisch a travaillé d’abord à Munich en
Bavière, puis à Wroclaw, puis de nouveau à Munich.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 153