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La sociobiologie, écrivait Wilson, alors zoologue à Harvard (USA),
pouvait être définie comme l’étude systématique des bases biologiques
de toutes les formes de comportement social, y compris le comporte-
ment sexuel et parental, et dans toutes les espèces vivantes, y compris
pour l’espèce humaine. Ce qui lui a valu des critiques.
En effet, le terme de sociobiologie avait déjà été utilisé par John P. Scott,
en 1946, puis par Charles F. Hockett, dans un sens quelque peu différent,
pour caractériser des sciences interdisciplinaires entre biologie, psychologie
et sociologie. Mais en fait, Wilson n’a pas été critiqué pour une appropria-
tion du concept, il a surtout été critiqué pour avoir voulu étendre au com-
portement humain des lois et des principes définis sur la base d’études me-
nées sur d'autres comportements animaux.
Certaines critiques étaient justifiables dans la mesure où Wilson apportait
surtout des contributions à la compréhension des sociétés des insectes, des-
quelles il tirait certaines considérations peut-être trop générales. Il n’était ce-
pendant pas dans l’erreur sur tous les points, en disant par exemple que le
facteur essentiel des comportements sociaux était une communication réci-
proque, dont le résultat était une coopération d’intérêt commun. Ce qui a été
maintes fois validé ensuite, y compris dans les sociétés humaines.
Quoi qu'il en soit, depuis la fin du 20 siècle, et au-delà des thèses de
ème
Wilson, d’autres principes formulés par l’éthologie classique occidentale
(euro-américaine) sont restés contestés. Le penseur allemand Wolfgang
Schmidbauer, dans son ouvrage Homme et nature, a notamment critiqué l’at-
titude qui transfère à l’Homme de manière désinvolte des règles et des prin-
cipes observés chez d'autres animaux. Selon lui, il n’est pas possible de dé-
montrer l’instinct humain de propriété sur la base d’observations sur les
rongeurs, ni de démontrer l’instinct territorial humain sur la base d’obser-
vations sur les oiseaux. Plus qu’aux principes fondamentaux de l’éthologie
en elle-même, et à sa pertinence pour le monde animal, Schmidbauer a dé-
veloppé une prévention contre une extension arbitraire non probante de
certaines observations éthologiques transposées au comportement humain.
Dans ce sens, l’éco-humanisme, qui s’attache prudemment à analyser
les différences et les convergences les plus probantes entre l’hérédité ani-
male et le comportement humain socialisé, admet seulement certains
points de vue de Wilson, relatifs au fait que le facteur essentiel des com-
portements sociaux animaux, y compris humains, est une communica-
tion réciproque dont la tendance naturelle porte à une coopération dans
l’intérêt commun des participants. Ce qui a effectivement contribué à
faire de l'humanité l'espèce la plus puissamment entreprenante.
158 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL