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Cette démarche portait à inclure des événements survenus non pas hier,
          mais il y a des millions d’années, rendant les recherches d’autant plus diffi-
          ciles. Quoi qu’il en soit, à partir de traces et d’indices disséminés un peu par-
          tout dans le monde, des paléontologues et d’autres spécialistes de l’évolution
          sont parvenus à penser que, parmi nos lointains ancêtres, certains avaient
          effectivement pu être mi-Hommes/mi-singes, et plus loin encore dans le
          temps, complètement singes. Cette reconstitution recélait des difficultés et
          des zones d’ombre, car comment était-il advenu que des animaux qui avaient
          des alimentations et des morphologies si différentes soient à l’origine des
          Êtres humains ? Quelles avaient été les étapes qui avaient conduit du singe à
          l’espèce Homo sapiens ? Était-il possible d’attribuer des dates fiables à ces
          transformations ? De nombreuses questions restaient en suspens.

             Un premier processus clé restait constatable : chaque fécondation voyait
          se répéter un même événement fondamental. À partir d’un œuf humain fé-
          condé, à l’abri de l’utérus maternel, se formaient des milliers, des millions,
          puis des milliards de cellules qui, suivant un ordre préétabli, trouvaient leur
          place dans un embryon, puis dans un être complet. Avec des itinéraires et
          des destinations assez précis pour former, par exemple, cette usine chimique
          qu’est le foie, ou cette machine à penser qu’est le cerveau. Notre programme
          génétique continue à reproduire en séquence accélérée ce processus de com-
          plexification progressive de notre organisme, depuis sa cellule originelle.
             Toutefois, même si des progrès scientifiques ont permis d’expliquer l’es-
          sentiel de ces fonctions pratiques, des incertitudes subsistent quant à notre
          trajectoire évolutive, tant pour notre passé que pour notre avenir. Le fonc-
          tionnement de notre organisme est mieux connu, mais nous en ignorons
          encore certaines particularités, notamment mentales. Intelligence, affectivité,
          mémoire, sont des facultés adaptatives auxquelles les psychologues ont déjà
          apporté beaucoup, mais où notre savoir reste en devenir. Comme notre or-
          ganisme physiologique, nos facultés mentales évoluent et s’adaptent réacti-
          vement. On peut sourire aujourd’hui qu’un philosophe de la stature de Des-
          cartes ait pu penser en son temps que l’esprit de l’Homme était logé dans
          une petite glande du cerveau. Mais même si nous avons élucidé beaucoup
          d’énigmes que ce cerveau renfermait, nous ne faisons parfois encore que ré-
          pondre à des interrogations en soulevant d’autres interrogations.
             C’est pourquoi l’étude de l’Être humain en évolution dispose d’une dis-
          cipline scientifique dédiée, l’anthropologie. Et là, si l’on considère l’étymo-
          logie du terme anthropologie (du grec anthrôpos, Homme, et logos, parole
          chargée de sens), il est implicite que nous sommes à la fois objets et sujets,
          et qui plus est, dépendants de notre auto-représentation culturelle.


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