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En traitant ces sujets importants, des anthropologues ont essayé d’en
          tirer des arguments aussi pertinents que possible pour retracer et projeter
          l’histoire évolutive de l’Humanité. Ils ont opéré notamment une recons-
          truction de l’identité biologique de notre espèce, dans l’espace et dans le
          temps, dont le point de départ précède de beaucoup celui de l’histoire
          écrite. Pour les Homo sapiens, cela remonte à environ 300.000 ans (voire
          à 400.000 ans), et à 2 ou 3 millions d’années si l’on étudie les premiers
          représentants du genre Homo, et même à 7 ou 8 millions d’années, si l’on
          considère l’époque où la ligne évolutive intermédiaire passant par l’Aus-
          tralopithecus s'est détachée de celle des grands singes anthropoïdes. Mais
          alors que les historiens pouvaient être aidés dans leur tâche par l’existence
          de documents écrits et de témoignages substantiels, les anthropologues,
          qui ne disposaient pas d’informations aussi directes sur les temps primi-
          tifs, ont dû accumuler et trier toute une série d'indications par un travail
          complexe de reconstitution, aussi bien sur le terrain qu’en laboratoire.
             D'où une certaine spécialisation. Une première répartition fonctionnelle
          de l’anthropologie en sous-disciplines complémentaires avait été proposée
          en 1866 par Pierre-Paul Broca (1824-1880). Il distinguait une anthropologie
          zoologique (concernant les rapports de parenté entre l’Homme et les autres
          animaux), une anthropologie descriptive (visant à décrire la diversité hu-
          maine, surtout sur le plan morphologique) et une anthropologie générale (as-
          sociant des processus complémentaires, génétiques, sociaux, et écologiques).
          Mais à la fin du 20  siècle, cette répartition ne pouvait plus organiser de
                          ème
          façon suffisante le vaste domaine de la discipline, qui s’était encore plus di-
          versifié, et où l’introduction de méthodes innovantes impliquait une réactua-
          lisation des contenus.
             L’ensemble  des  recherches  anthropologiques  était  encore  synthéti-
          quement réparti en deux voies fondamentales, à savoir :
             1) l'une qui était plutôt scientifique et analytique, avec un travail sur les
          caractéristiques génétiques et phénotypiques (aussi bien macroscopiques
          que microscopiques) des individus et des populations humaines, en vue
          d’une reconstruction des phénomènes évolutifs successifs de l’espèce ;
             2) l'autre qui était davantage actualisée et prospective, avec un travail
          sur l’adaptation intelligente, l’état d’organisation et de santé, et la qualité
          de vie, des individus et des communautés humaines.
             On pouvait y distinguer les principales branches spécialisées dans les-
          quelles s'était réparti le travail mené depuis le milieu du 20 ème  siècle par
          les chercheurs actifs dans les domaines anthropologiques.



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