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Dans ses analyses, l’anthropologie a associé selon ses besoins des phéno-
mènes sociaux, culturels et organisationnels (anthropologie socioculturelle)
et des phénomènes plus spécifiquement biologiques (étant alors plutôt dési-
gnée dans les pays anglo-saxons sous le nom d’anthropologie biophysique).
Plus particulièrement, l’anthropologie socioculturelle a visé à comprendre
l’organisation socialisée humaine, entendue comme celle de chaque ensemble
d’individus partageant non seulement une zone géographique, mais aussi une
histoire, et de façon plus générale, une culture. Par là, elle a alimenté en partie
l’étude éco-sociétale de notre espèce, c’est-à-dire l’étude de la Maison (oïkos)
humaine commune, dans son milieu. On y a analysé les activités humaines les
plus diverses, y compris l’organisation familiale, politique, législative, etc.
L’ethnologie, la sous-discipline qui traite des différences morphologiques
et comportementales entre les groupes humains, y a tenu un rôle important,
et l’étude de la fonction et de la structure du langage (la linguistique) a con-
tribué à l’anthropologie socioculturelle. Mieux encore, comprenant la com-
plémentarité des intérêts et des objectifs de ces branches, des chercheurs ont
cherché à établir des champs communs entre les thématiques environne-
mentales et socio-culturelles, permettant de décrypter la complexité des pro-
blèmes liés à la compréhension des différents aspects de l’histoire et des ac-
tivités du fait humain dans son biome, ce qui a alimenté l’éco-humanisme.
En ce qui concerne les contenus particuliers de l’anthropologie bio-
physique (ou physiologique), ses principaux contributeurs ont établi une
formulation résumée de leurs objectifs :
1) définir les étapes et les modalités selon lesquelles la ligne évolutive de
notre espèce s’est différenciée de ses précurseurs au cours du temps, et dé-
terminer les rapports de parenté qui lient l’Homme à d’autres espèces ;
2) établir quand et comment sont apparus sur Terre les premiers vé-
ritables ancêtres de l’Homme, individus à l’aspect encore simiesque, mais
qui marchaient debout, possédaient une certaine habileté manuelle, et
commençaient à construire une organisation sociale spécifique.
3) reconstruire le parcours évolutif qui a fait de ces premiers ancêtres
des Hommes véritables, jusqu'aux caractéristiques anatomiques et géné-
tiques actuelles, dépendantes d'un développement cérébral amélioré ;
4) comprendre le rôle de l’interaction du patrimoine biologique humain
avec son milieu naturel, accentuée à la fois par des facteurs culturels cons-
cients et par des phénomènes adaptatifs fortuits, dans la détermination de
la diversité que nous observons aujourd’hui, aussi bien entre les individus
d’un même groupe qu’entre des groupes différents.
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