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En 1911, avec des expériences ingénieuses utilisant des stimulations
          lumineuses et chromatiques, von Frisch réussit à démontrer que les pois-
          sons peuvent reconnaître des différences de couleurs et de luminosité. Et
          en 1923, à 37 ans, il fournit la première démonstration de l’ouïe des pois-
          sons. Par un sifflement émis chaque fois qu’il offrait de la nourriture, ce
          chercheur réussit dans son aquarium à dresser un poisson-chat aveugle
          en le faisant sortir de son refuge pour monter rapidement à la surface.
          Outre la preuve des facultés perceptives de ses animaux, il obtint là l’un
          des premiers exemples d’un processus de conditionnement dans un mi-
          lieu semi-naturel. Grâce au crédit international obtenu par ces décou-
          vertes, et avec l’aide de la Fondation Rockefeller, von Frisch créa à Mu-
          nich un Institut de zoologie, qui fut cependant détruit par des bombar-
          dements américains au cours de la Seconde Guerre mondiale.
             À la fin de cette guerre, les recherches de von Frisch avaient repris,
          d’abord à Graz, ensuite à Munich. En 1948, elles aboutirent à la découverte
          que les abeilles ont une vision en quadrichromie, et à la description de ce
          que l’on appelle la danse des abeilles, une modalité de communication par
          laquelle les abeilles réussissent à communiquer aux autres individus de la
          ruche la position d’une ou de plusieurs ressources, ainsi que leur quantité.
             Intervint ensuite Konrad Z. Lorenz (1903-1989) qui fut, avec Karl von
          Frisch et Nikolaas Tinbergen, l’une des figures principales de la période où
          l’éthologie s'affirma définitivement en tant que nouvelle science. Ces trois
          chercheurs ont reçu, en 1973, un Prix Nobel de médecine et de physiologie
          pour leurs découvertes sur l’organisation des formes de comportement,
          individuel et social. Né à Vienne, Lorenz avait étudié la médecine à la Co-
          lumbia University de New York, puis chez lui à Vienne. Il obtint la chaire
          de psychologie humaine à l’université de Königsberg et, après 1945, il tra-
          vailla au Max Planck Institut de Seewiesen en Bavière.
             Les recherches de Lorenz débutèrent dans les années 1930, avec son
          rapport Der Kumpan in der Umwelt der Vogels (Le Compagnon dans l’envi-
          ronnement de l’oiseau) de 1935, où il aborda les problèmes sociaux et fa-
          miliaux qui interféraient chez les oiseaux. L’année suivante, ses recherches
          sur les musaraignes montrèrent la difficulté de séparer l’instinct de l’ap-
          prentissage. Une grande partie de ses recherches visait à identifier les ca-
          ractéristiques des actes instinctifs, analysés selon des modules comporte-
          mentaux supposés prédéterminés génétiquement. La renommée de Lorenz
          a été liée en particulier à la description de l’imprégnation, forme d’appren-
          tissage intervenant pendant une phase limitée et précoce de la vie animale.



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