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Mécaniste convaincu, Loeb avait cherché chez les animaux inférieurs
          des phénomènes analogues au tropisme, pouvant être décrits en termes de
          stimulus-réponse. Son hypothèse de travail était que les mouvements d’un
          animal étaient déterminés par des forces internes et externes combinées.
             Loeb expliquait les phénomènes de tropisme (c’est-à-dire de tendance
          directrice) selon l’idée que, normalement, les processus qui mènent à la
          locomotion étant identiques dans les deux moitiés du système nerveux cen-
          tral, et la tension des muscles symétriques étant identique, l’animal se dé-
          plaçait suivant une ligne droite. Si, toutefois, la vitesse des réactions chi-
          miques augmentait dans une partie du corps, par exemple dans un œil de
          l’animal, il n’y avait plus assez de symétrie physiologique entre les deux
          côtés de l’encéphale et, par conséquent, l’équilibre de tension des muscles
          symétriques pouvait être perturbée. L’animal étant amené inconsciemment
          à changer la direction de son mouvement, son comportement était déter-
          miné par des influx et des mouvements en partie involontaires.
             Ses résultats lui ont valu, en peu de temps, une grande renommée et,
          avec ceux de Jennings, ils mettaient en doute le fait que le comportement
          animal puisse être vu et interprété seulement comme le produit d’une vo-
          lonté ou d’une intentionnalité de l’animal. C’était également le sens des re-
          cherches de O. Mast, qui étudiait les réponses des animaux aux stimuli lu-
          mineux, et surtout celles de John B. Watson (1878-1958) et de Burrhus F.
          Skinner (1904-1990), un psychologue expérimental de Harvard. Watson,
          auteur du volume Behaviorism, an Introduction to Comparative Psychology en
          1914, a été considéré comme un père fondateur du behaviorisme (ou com-
          portementalisme), doctrine qui attribuait à l’expérience un rôle central dans
          le développement du comportement animal.

             Puis, dans la deuxième décennie du 20 ème  siècle, commencèrent les
          premières recherches d’Oskar Heinroth (1871-1945) en Europe sur les
          Anatidés (canards et oies), des recherches qui, avec celles menées sur les
          Columbidés  (pigeons)  par  C.O  Whitman  aux  États-Unis,  indiquaient
          qu’il n’existait  pas  de  comportement  animal général  commun,  et  que
          chaque groupe systématique présentait des modules comportementaux
          adaptés au fil du temps, des milieux de vie, et des interactions.
             Il s’agissait d’une idée importante pour le développement de l’éthologie
          classique, en ce sens qu’elle définissait un domaine d’approfondissement
          prospectif, en expliquant l’existence de processus adaptatifs prédéterminés
          et involontaires, cohabitant avec des réactions d'adaptation aux conditions
          locales et particulières, ce dont la synergie était intéressante à explorer.


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