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Car ensuite, la théorie de l’évolution biologique a démontré une conti-
nuité évolutive du monde vivant, infirmant les suppositions du création-
nisme, c’est-à-dire de la croyance ancestrale selon laquelle chaque être vi-
vant serait, tel quel, le résultat d’une création spontanée ex-nihilo, voire di-
vine. À travers l’étude des mécanismes évolutifs, on a pu vérifier que tous
les êtres vivants avaient une origine commune, aussi reculée dans le temps
soit-elle, et que les différentes espèces étaient nées en fait les unes des autres.
Au fur et à mesure des démonstrations probantes de cette nouvelle vi-
sion scientifique, des études de zoologie, d’anatomie comparée, d’embryo-
logie et de paléontologie s'y sont conformées. La première confirmation de
l’hypothèse d’une modification des organismes vivants selon le milieu, et
d’une dérivation des espèces les unes des autres, est apparue dans l’œuvre
de Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1789). Disciple de Buffon, il est le fon-
dateur de la théorie transformiste, qui promeut notamment l’idée de l’héré-
dité des caractères acquis. Une voie qui sera brillamment élargie par Darwin.
En effet, Charles R. Darwin (1809-1882) a publié une puissante théo-
rie de l’évolution par sélection naturelle, qui avec ses nombreux ajouts et
remaniements, est finalement devenue une référence majeure, procurant
une nouvelle vision des sciences de la vie, auxquelles elle donnait un sens
cohérent. Cette théorie a introduit une interprétation nouvelle des don-
nées paléontologiques qui témoignaient de la naissance et de l’extinction
des espèces, et elle a incité à interpréter de manière plus dynamique l’ana-
tomie comparée et la systématique. Son application a privilégié la re-
cherche des rapports phylogénétiques entre les espèces, qui indiquaient
la dérivation des unes aux autres, et elle a établi de façon plus générale
une évolution qui impliquait tous les groupes du règne animal.
Au 20 ème siècle, la systématique a pu encore ajouter une nouvelle di-
mension à la théorie évolutionniste en la complétant par des connais-
sances améliorées en génétique, et par une explication rationnelle de la
diversité et de l’adaptation. Dans cette démarche, l’un des objectifs prin-
cipaux de la systématique devenait de reconstruire de la façon la plus vrai-
semblable possible la généalogie des différentes espèces, c’est-à-dire la phy-
logenèse. En édifiant un tableau plus complet des ressemblances et des
différences, ce que les zoologistes essayaient depuis longtemps de classi-
fier, elle a mis en évidence une logique qui ne dérivait plus de présupposés
métaphysiques ou religieux, mais de l’histoire probante réelle des orga-
nismes. Le premier savant qui ait formulé la nécessité de fonder la classifica-
tion sur les rapports de parenté des espèces fut, au début du 20 siècle, H.
ème
Haeckel (1834-1919), auteur d’arbres généalogiques très élaborés.
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