Page 146 - eco-savoirs pour tous
P. 146

Car ensuite, la théorie de l’évolution biologique a démontré une conti-
          nuité évolutive du monde vivant, infirmant les suppositions du création-
          nisme, c’est-à-dire de la croyance ancestrale selon laquelle chaque être vi-
          vant serait, tel quel, le résultat d’une création spontanée ex-nihilo, voire di-
          vine. À travers l’étude des mécanismes évolutifs, on a pu vérifier que tous
          les êtres vivants avaient une origine commune, aussi reculée dans le temps
          soit-elle, et que les différentes espèces étaient nées en fait les unes des autres.
             Au fur et à mesure des démonstrations probantes de cette nouvelle vi-
          sion scientifique, des études de zoologie, d’anatomie comparée, d’embryo-
          logie et de paléontologie s'y sont conformées. La première confirmation de
          l’hypothèse d’une modification des organismes vivants selon le milieu, et
          d’une dérivation des espèces les unes des autres, est apparue dans l’œuvre
          de Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1789). Disciple de Buffon, il est le fon-
          dateur de la théorie transformiste, qui promeut notamment l’idée de l’héré-
          dité des caractères acquis. Une voie qui sera brillamment élargie par Darwin.
              En effet, Charles R. Darwin (1809-1882) a publié une puissante théo-
          rie de l’évolution par sélection naturelle, qui avec ses nombreux ajouts et
          remaniements, est finalement devenue une référence majeure, procurant
          une nouvelle vision des sciences de la vie, auxquelles elle donnait un sens
          cohérent. Cette théorie a introduit une interprétation nouvelle des don-
          nées paléontologiques qui témoignaient de la naissance et de l’extinction
          des espèces, et elle a incité à interpréter de manière plus dynamique l’ana-
          tomie  comparée  et la  systématique.  Son application a privilégié la  re-
          cherche des rapports phylogénétiques entre les espèces, qui indiquaient
          la dérivation des unes aux autres, et elle a établi de façon plus générale
          une évolution qui impliquait tous les groupes du règne animal.

             Au 20 ème  siècle, la systématique a pu encore ajouter une nouvelle di-
          mension à la théorie évolutionniste en la complétant par des connais-
          sances améliorées en génétique, et par une explication rationnelle de la
          diversité et de l’adaptation. Dans cette démarche, l’un des objectifs prin-
          cipaux de la systématique devenait de reconstruire de la façon la plus vrai-
          semblable possible la généalogie des différentes espèces, c’est-à-dire la phy-
          logenèse. En édifiant un tableau plus complet des ressemblances et des
          différences, ce que les zoologistes essayaient depuis longtemps de classi-
          fier, elle a mis en évidence une logique qui ne dérivait plus de présupposés
          métaphysiques ou religieux, mais de l’histoire probante réelle des orga-
          nismes. Le premier savant qui ait formulé la nécessité de fonder la classifica-
          tion sur les rapports de parenté des espèces fut, au début du 20  siècle, H.
                                                             ème
          Haeckel (1834-1919), auteur d’arbres généalogiques très élaborés.

          146                                        Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr        © LEAI        Marc CARL
   141   142   143   144   145   146   147   148   149   150   151