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L’œuf de ces reptiles, très semblable à celui de leurs descendants oiseaux,
abritait un micro-milieu semi-liquide indépendant du milieu extérieur (sauf
pour les échanges gazeux) dans lequel l’embryon fécondé, pourvu d’une
quantité de nourriture abondante (le jaune), pouvait atteindre un développe-
ment suffisant pour naître. Avec les reptiles, grâce à l’œuf et à d’autres adap-
tations telles qu'une peau assurant une protection efficace contre la déshy-
dratation, s’est amorcée une conquête progressive du milieu terrestre, en
concurrence avec des organismes animaux à squelette externe.
Ce qui démontre que le succès évolutif d’un groupe ne se mesure pas
seulement à la diversité de ses formes, éteintes ou actuelles, mais aussi à
son aptitude à produire de nouveaux organismes capables d’améliorer
leur organisation structurelle et adaptative, avec des caractéristiques ou-
vrant de nouveaux espaces et de nouveaux modes de vie. Ce fut le cas
pour les reptiles et leurs descendants, oiseaux, reptiles mammaliens, puis
mammifères. Les oiseaux, considérés à juste titre comme de petits dino-
saures survivants, puisqu’ils descendent directement de ces derniers, ont
pu coloniser le monde aérien grâce à la création de plumes et d’ailes.
Quant aux mammifères, ils ont fait encore mieux, avec leurs caractères
particuliers (poils, développement du jeune à l’intérieur du corps maternel,
glandes produisant du lait, etc), pour constituer le groupe de vertébrés pré-
sentant la plus grande radiation adaptative, c’est-à-dire la plus grande
gamme de formes, d’habitudes et de milieux de vie. Les baleines et les dau-
phins vivent dans la mer, les chauves-souris s’orientent dans l’air au moyen
d’ultrasons, les taupes vivent sous terre, l’Homme vit et va presque partout.
Le succès des mammifères est dû à leur évolution particulièrement rapide,
qui a impliqué non seulement leur structure corporelle et leurs fonctions
biologiques, mais même, en ce qui concerne l’espèce humaine, une sur-
couche évolutive exceptionnelle produite et gérée par son système nerveux.
Car même si tous les caractères sont importants pour déterminer les
capacités d’adaptation d’une espèce animale à son milieu, ceux qui gouver-
nent le comportement peuvent impulser une évolution plus rapide et plus
efficace. À côté des comportements stéréotypés, c’est-à-dire des compor-
tements à la fois peu variants et caractéristiques de chaque espèce, qui chez
de nombreux animaux contribuent inconsciemment à la survie dans leur
milieu, il y a chez les animaux supérieurs, à différents degrés, une aptitude
à improviser et à trouver des solutions rapides à des problèmes nouveaux.
Et cette aptitude est encore renforcée avec le développement d'une capa-
cité à partager rapidement des connaissances entre individus de la même
espèce, jusqu’à pouvoir accumuler un patrimoine évolutif transmissible.
142 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL