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Cette nomenclature binominale est restée en vigueur depuis, et elle a
               fourni un critère unifiant pour ordonner le monde animal dans une clas-
               sification hiérarchique plus consensuelle. On doit également à Linné la
               définition de la notion d’espèce comme entité naturelle cohérente dans
               le temps, ainsi que la subdivision des animaux dans six classes : Mammi-
               fères, Oiseaux, Amphibiens-Reptiles, Poissons, Insectes, et Vers.
                 Contemporain de Linné, Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788)
               a eu une autre conception de la nature, différente mais complémentaire de
               celle de Linné. Pour lui, tant qu’il était impossible de définir les espèces de
               façon assez nette, il considérait la subdivision en genres, classes et ordres
               comme un catalogage temporaire. En revanche, soulignant le plan unitaire
               d’organisation de tous les êtres vivants, il était plus intéressé par la détermi-
               nation et la description des caractéristiques structurelles, physiologiques, éco-
               logiques et comportementales des animaux. Ce qui était novateur.
                 C’est à lui qu’on doit les premières intuitions transformistes, c’est-à-
               dire la théorie selon laquelle le milieu, le climat, l’alimentation, et l’appri-
               voisement, peuvent avoir un effet sur la transformation des espèces ani-
               males. Cette position remettait en cause la vision fixiste, c’est-à-dire l’idée
               de l’immutabilité de l’espèce, dominante chez Linné et chez Ray. Et ces
               avancées conceptuelles ont été prolongées par Cuvier.

                 Georges L.C. Cuvier (1769-1832), qui est considéré comme le fonda-
               teur de l’anatomie comparée et de la paléontologie, a apporté une contri-
               bution majeure au développement de la zoologie. Dans sa systématique
               zoologique, il ne se fonde pas seulement sur les caractères morphologiques
               extérieurs,  mais  aussi  sur  les  caractères  anatomiques  fonctionnels,  un
               autre critère fondamental pour le développement de l’anatomie compa-
               rée. Cuvier a modifié profondément les grandes divisions du règne ani-
               mal, en relation avec un principe de subordination des systèmes et des
               organes, utilisés comme caractères pour sa classification.
                 Selon lui, les systèmes majeurs, nerveux et circulatoire, exercent l’in-
               fluence la plus forte, suivis à différents degrés par les autres systèmes, tels
               que le système digestif. Sur la base de ces critères, Cuvier subdivisa le règne
               animal en quatre phyla (Vertébrés, Mollusques, Articulés et Radiés) indé-
               pendants les uns des autres. Par la suite, sur la base des caractéristiques du
               système nerveux, il distingua des types ; et sur la base de la combinaison des
               organes de la respiration et de la circulation, il distingua des classes, tandis
               que d’autres organes lui servaient à déterminer les ordres, les familles, les
               genres et les espèces. Et de là, ses successeurs sont allés encore plus loin.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      145
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